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Cosfictions

12 septembre 2010

"Il n'y a rien de pire que l'amour sauf de ne pas aimer" JJ Goldman

Hello !

Ouh, ça fait un p'tit bout de temps que j'ai pas posté. La rentrée ralentit considérablement mes délais d'écriture mais don't worry, j'ai encore bien des OS en réserve :)

Dont celui-là d'ailleurs, qui prend son origine dans la citation et son titre, ainsi que dans le film "4 mariages et 1 enterrement".

Bonne lecture !

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Elle était grande, elle était belle et elle avait ce petit quelque chose qui fait qu’on vous remarque au détour d’une rue. On n’aurait su dire quoi : peut-être la démarche, la beauté fragile, les cheveux roses ou cette étincelle au fond des yeux. Ou alors tout ça à la fois.

C’est à cause de ce truc, cette aura que les autres n’avaient pas, qu’il l’avait abordée un matin de juillet, un de ces jours d’été où le soleil et la plénitude font ressembler n’importe quelle bourgade à un village de vacances. C’était l’époque où les gens désertaient leur coin natal pour oublier un peu leur quotidien, l’espace d’une ou deux semaines.

Mais pas elle ; elle, elle restait pour travailler, gagner son pain puisque l’argent ne tombe pas du ciel, et profiter de cette exquise liberté que procure la solitude. Ce matin là elle était sortie, pièces de monnaie dans une main, pan de sa robe dans l’autre, afin de prendre un solide petit déjeuner dans un quelconque café. Dans sa robe au tissu léger que le vent faisait s’envoler, elle arborait cet air de celui qui, pour une fois, déroge à la règle : un mélange de hardiesse et d’appréhension peignait ses traits purs. Il l’avait suivie tout d’abord : non pas car il était intimidé, mais plutôt parce que son caractère d’artiste se régalait de ce tableau ; et il savait que, lorsqu’il l’aborderait, la magie serait rompue.

Elle était entrée dans un pub où des relents de café au lait et de pain tout juste sorti du four flottaient délicieusement. Elle avait demandé un chocolat chaud et un grand verre de jus d’orange ; une fois servie, elle avait été s’asseoir à l’une des tables du fond, savourant du regard son repas comme le font les enfants avant d’ouvrir un cadeau, à Noël. A ce moment-là, un lutin n’aurait pas eu l’air plus espiègle.
Il avait décidé de se présenter à cet instant : pour la forme, il avait acheté un croissant et le plus naturellement du monde, était venu s’installer à sa table, en face d’elle. Elle l’avait dévisagé en haussant un sourcil, telle une raffinée petite fille à qui l’on aurait montré une vulgaire tache sur un vêtement. Il ne s’était pas offusqué, il avait l’habitude de ces regards-là : les gens le sous-estimaient, souvent.

Il avait posé son croissant, le lui avait offert ; puis il s’était penché vers elle et avait déclaré d’un ton de conspirateur :

- Mademoiselle, mon nom est Saï. Je suis peintre de profession et je recherche un modèle.

Sa première approche était directe mais son ton doucereux, rassurant. La fille s’était un peu détendue mais elle avait gardé le silence, attendant qu’il en dise plus.
Il la regardait bien dans les yeux, conscient du charme qu’il opérait, et souriait en parlant :

- Je dois vous avouer que vous correspondez tout à fait à mes critères. Pour tout dire, vous m’avez subjugué…

Il avait ponctué son compliment d’un petit rire rauque ; les femmes en raffolaient, il le savait. Elle avait rougi.

- Au cas où vous auriez besoin d’un travail honnête, bien rémunéré, voici ma carte, avait-il conclu en lui tendant un carré en carton. Je crois que notre collaboration pourrait nous apporter beaucoup, à l’un comme à l’autre. Au revoir mademoiselle.

Sans attendre de réponse, il s’était levé, gracieusement tel un félin ; il avait ébouriffé ses cheveux de jais d’un geste nonchalant, une de ses grandes mains pâles aux longs doigts fins posée sur le dossier d’une chaise. Puis il s’en était allé, un petit sourire satisfait au coin des lèvres. Il était certain qu’elle l’appellerait.

Le résultat qui s’en était suivi était au-delà de ses espérances.

A peine avait-il franchi la porte du café qu’elle l’avait rattrapé. Les yeux brillants, les joues roses, elle lui avait tendu la main en disant :

- Je m’appelle Sakura Haruno et je serais ravie de travailler avec vous.

Il lui avait souri. Elle était devenue sa muse, il avait peint des dizaines de tableaux d’elle. Tous avaient rencontré un franc succès à de nombreuses expositions.
Ils avaient fini par se marier, et souvent Sakura se souvenait avec émotion du jour de leur rencontre : c’était un 7 juillet.

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Deux ans et demi plus tard, il pleuvait et la rue empestait le chien mouillé. Elle exécrait cette odeur-là. Elle ramena ses cheveux sous la capuche de son ciré vert et traversa la rue. Elle savait exactement là où elle devait aller malgré les mois qui avaient passés.
Elle entra dans une échoppe qui portait l’enseigne : « La reine Tissu ». Elle esquissa un sourire : rien n’avait changé.

La boutique n’était pas grande, pas très éclairée non plus, mais il y régnait une atmosphère relaxante accompagnée d’une forte odeur de lavande. Elle flâna dans le magasin durant plusieurs minutes, effleurant les divers tissus du doigt et observant les robes exposées en vitrine. Il ne semblait y avoir personne : pourtant lorsqu’elle s’approcha du comptoir un jeune homme déboula d’une pièce adjacente.

- Puis-je-vous aid…

Il s’interrompit soudainement et écarquilla les yeux, la mâchoire pendante dans une expression de telle stupeur que Sakura dut se retenir de rire. Elle dit :

- Je cherche un tissu pour confectionner une robe de soirée, mais pas trop dur à manier. Ca fait un moment que je n’ai pas fait de couture…

L’employé la regardait toujours comme s’il avait vu un fantôme. Il se reprit néanmoins et hocha la tête à plusieurs reprises sans la lâcher des yeux. Il lui offrit finalement un charmant sourire puis balbutia :

- C’est que… je suis nouveau ici, enfin, je ne travaille même pas là en fait, j’aide simplement ma mère à tenir la boutique pendant qu’elle s’occupe de…euh… De toute façon je vois pas pourquoi je dis ça, vous vous en moquez sûrement mais il se trouve que… je… c’est mon premier jour ici et je… je n’ai jamais vraiment porté une grande attention sur tout ce qui est textile alors, euh…
- Je comprends, le rassura la rose. Ne vous inquiétez pas, je trouverai toute seule.
- Oh mais non, s’exclama le jeune homme, je peux quand même vous accompagner dans les rayons ! Parce que si ma mère voit que je ne m’occupe pas des clients elle va me faire la tête au carré…

« Difficile de modeler au carré une tête aussi ronde », pensa Sakura, amusée. Le garçon avait des joues rebondies, des yeux protubérants et un teint mat ; une coupe au bol démodée dégageait son visage poupin. Il dépassait la jeune femme d’une bonne tête et l’immonde combinaison verte qu’il portait dévoilait sous le tissu des muscles impressionnants.

S’accommodant de la présence du jeune homme –qui s’avéra se nommer Lee–, Sakura choisit divers tissus, assortit les couleurs, compara les matières et les prix. Lee ne cessa de la complimenter sur ses choix, ne la quittant pas d’un regard émerveillé.
Les choses se compliquèrent lorsqu’ils en arrivèrent aux accessoires. Le jeune vendeur, désirant aider, voulut présenter différentes sortes de boutons à sa jolie cliente. Mais sa maladresse lui fit renverser un rayon entier de boutons ; tandis qu’il se répandait en excuses, Sakura l’aida à réparer le désastre.

- J’imagine que je vous exaspère… dit Lee avec un pauvre sourire. Vous me semblez être le genre de femme à ne fréquenter que les hommes très habiles.

A ces mots, le cœur de la rose se serra douloureusement. Elle se souvint alors des cheveux sombres, du teint blanc, des yeux profonds et du corps fin, avec ses étreintes et ses murmures. Les séances où elle devait poser des heures durant, nue ou très légèrement vêtue, lui revinrent à l’esprit. Et les expositions où elle apparaissait, sa muse, accrochée à son bras. Elle était si heureuse lorsqu’il lui exprimait sa fierté, plus encore, son amour. Elle se rappela du mariage et de leurs nuits, des projets dont elle nourrissait l’espoir de les voir s’accomplir un jour. Mais en réalité rien d’autre que la peinture ne comptait ; et, au bout de deux ans de vie commune, il avait trouvé une autre muse. Adieu donc la belle maison, le jardin et les fontaines, l’atelier et les soirées mondaines où elle croyait resplendir. Il l’avait chassée sans ambages, avait annulé leur mariage. Peut-on annuler un passé de rêve, un amour déçu ? Elle préférait penser que ce n’était pas de l’amour. Tout cela ne pouvait être qu’une illusion. Elle aimait à se dire que le réel grand amour n’existait pas. C’était un mythe pour endormir les filles naïves, mais il fallait se réveiller un jour. Contemplant ce qu’elle était devenue, forcée de reprendre son ancien métier de couturière, dans un logement miteux, le cœur brisé et l’honneur piétiné, elle s’était juré de ne plus jamais croire à cette folie. Elle ne s’engagerait plus, ne répondrait plus. Depuis la séparation sa vie amoureuse s’était résumée à repousser les avances, sans aucune exception.

- Non, Lee, répondit-elle après un long moment. Je ne suis pas du genre à fréquenter les hommes. Les hommes, c’est le passé.
- Oh, je vois, fit-il, le rouge aux joues et la voix emplie de déception. Vous préférez les femmes, d’accord. Ce n’est pas grave, vous savez, j’ai une cousine qui…
- Mais non, le coupa Sakura en éclatant de rire. Je n’ai pas voulu dire ça, mais juste que… eh bien, je ne pense pas que ça vaille la peine de souffrir pour une seule personne.

Elle avait ce qu’il lui fallait. Lee la fixait à présent intensément, l’air plus décontenancé que jamais. Gênée, la rose se détourna et se dirigea vers le comptoir. Il encaissa ses achats, elle le salua. Mais au moment où elle allait sortir il la rappela :

- Accepteriez-vous de prendre un verre avec moi, un de ces jours ?

Elle faillit lui répondre que non, elle n’accepterait pas, et qu’il ne devait pas nourrir de faux-espoirs. Mais la figure innocente du jeune homme la fit fondre.

- J’essayerai de passer au magasin, promit-elle donc.

Elle poussa la porte grinçante et sortit en soupirant. Dehors, il ne pleuvait plus.


Elle prit ce verre avec lui le surlendemain, et il la réinvita. Elle ne pouvait nier qu’il était de charmante compagnie, avec son côté gamin et sa gaucherie touchante. Il avait l’air sincère, lui, et crédule aussi, un peu comme elle. Il l’avait fait rire lors de leur rendez-vous, il avait des goûts simples et une joie de vivre revigorante. Fait rare depuis sa déception sentimentale, Sakura se sentait bien avec lui, en sécurité, et plus étonnant encore, elle n’hésitait pas à se montrer telle qu’elle était. Elle avait un peu hésité puis avait fini par accepter le prochain rendez-vous. Après tout, il n’y avait pas de risques pour que l’histoire avec le peintre ne se répète avec Lee : Saï et lui étaient radicalement différents, et puis Lee n’avait rien d’un séducteur. Non, absolument aucun risque.

Il l’amena donc au bal la semaine suivante. Ils dansèrent du rock et Lee se montra plutôt doué. Les sorties se multiplièrent sans que Sakura ne les considèrent comme de véritables rencards. Elle avait pourtant conscience des coups d’œil que Lee lui jetait fréquemment. Elle avait compris les motivations de ses petites attentions. Mais elle n’avait aucun mal à ignorer les sentiments du jeune homme et se tenait à ses résolutions ; Lee était un excellent ami, dévoué, fidèle, adorable. Mais il ne restait qu’un ami, et tant mieux.

Les mois passèrent et une bonne nouvelle accueillit Sakura, à l’entrée de son appartement. Lorsqu’elle rentra chez elle, une superbe blonde lui sauta dans les bras, une blonde avec de magnifiques yeux lagon, des jambes à damner un saint et une poitrine généreuse.
Ca faisait une éternité que Sakura n’avait pas vu Ino, sa meilleure amie depuis que les deux filles savaient marcher. Bien sûr Ino avait été là lors de la quasi-dépression de la rose, après que Saï l’aie jetée dehors, mais par correspondance seulement. La blonde, après une audition couronnée de succès, était devenue actrice à Hollywood. Elle resterait un mois au village, apprit-elle à Sakura.

Les deux amies passèrent la nuit à discuter, et la journée du lendemain. Quand Sakura se mit à parler de Lee, la blonde ne put retenir un sourire dont elle dissimula bien la cause : en vérité elle était rassurée de constater que Sakura s’était guérie de Saï ; peut-être même à présent y avait-il un espoir qu’elle s’engage à nouveau dans une relation. Ino laissa donc échapper, mine de rien :

- Ce Lee m’a l’air d’être un type bien. Il a une copine ?
- Ino, je te connais trop bien pour me faire avoir. Non il n’a pas de copine, pas que je sache en tout cas, mais je n’en veux pas. De lui comme personne.
- Saku, je comprends ce que tu as enduré et je compatis, mais tu ne peux pas faire une croix sur une merveilleuse vie de couple à cause d’un seul con !
- Il est là le problème : je ne pense pas qu’une vie de couple ait quelque chose de « merveilleux », en fin de compte. Et je m’en sors très bien comme ça.
- Tu parles, Charles ! Tu vis dans les souvenirs et tu passes à côté d’une histoire formidable.
- Tu n’en sais rien, Ino chérie. Moi je sais que je ne veux plus souffrir. Plus jamais.
- Et moi ce que je sais, c’est qu’une vie sans l’amour, ce n’est pas une vie, Saku. Mais je ne veux pas te forcer la main.

Elle se leva et rassembla ses affaires. Après avoir embrassé son amie, elle lui donna l’adresse de l’hôtel de luxe où elle logeait. Elle laissa Sakura pantelante et bien plus bouleversée qu’on n’aurait pu croire. Les paroles d’Ino lui avaient ouvert les yeux brutalement. Evidemment qu’elle aimait Lee. C’était bien ce qui lui faisait peur.

Durant le mois qui suivit, elle prit ses distances envers le jeune homme, limita le nombre et la durée de leurs sorties. Le garçon, bien que naïf, n’était pas idiot : et les regards peinés dont il gratifiait la rose la tourmentait atrocement.
Elle prit sa décision à la fin du mois ; elle en informa Ino alors qu’elle faisait ses bagages ; elle se récria, mais Sakura ne voulut rien entendre. Ne restait plus qu’à l’annoncer à Lee.

Elle passa à « La reine Tissu » à l’improviste. Il était là et servait quelques vieilles clientes. Quand il l’aperçut, son visage s’éclaira et il lui fit signe de l’attendre dehors. Il ne fut pas long à la rejoindre. Il se mit à pleuvoir et tous deux se retrouvèrent vite trempés comme des soupes.

Sakura le regarda, puis se lança :

- Lee, écoute : ça ne peut plus durer… Nous devons cesser de nous voir. Je vais partir en Amérique pour… recommencer à zéro. Ca vaut mieux pour tout le monde.

Il n’y avait pas de mot pour décrire l’expression du jeune homme après cette déclaration, tant la peine, la déception, l’ahurissement se confondaient sur ses traits. Un seul mot franchit ses lèvres, mot qui mourut dans une voix tremblante :

- Pourquoi… ?
- Je suis désolée si je te fais du mal, Lee, assura Sakura au bord des larmes. Mais je ne veux pas… je dois m’en tenir à ce que j’ai dit. Et je ne pourrai pas si je reste ici. Avec toi.

Elle ne s’attarda pas. Poussée par un élan soudain, elle posa ses lèvres sur celles de son ami dans un baiser fugace. Puis elle repartit à toutes jambes, chancelante, et l’on entendait sur son passage de déchirants sanglots. Elle arriva chez elle, ruisselante, et se pelotonna sur son lit. Voilà, c’était fait. Son cœur n’aurait plus à craindre de nouveaux chagrins désormais.

Alors pourquoi pleurait-elle… ?

Elle n’avait que peu de biens, aussi elle eut tôt fait d’empaqueter ce dont elle avait besoin. Elle fut à la première heure le lendemain chez Ino, et toutes deux partirent pour l’aéroport, bras dessus, bras dessous. Sakura tentait bien de dissimuler sa tristesse ; mais Ino lisait dans son amie comme dans un livre ouvert. Elles venaient de quitter le village lorsque, n’y tenant plus, elle lança :

- Il y a une citation de Goldman que j’aime beaucoup… Tu veux savoir laquelle ?
- Hum ?
- « Il n’y a rien de pire que l’amour…
- Merci, j’étais au courant…
- …Sauf de ne pas aimer. »

Sakura s’arrêta de marcher. Au même moment, comme pour la faire flancher encore un peu plus, un couple d’amoureux passa devant elles. La tête lui tourna, elle ne savait plus quoi faire…

- Cours, dit simplement Ino.

Et, aussi incroyable que cela puisse paraître, sans même protester ou argumenter, Sakura obéit. Elle tourna le dos à son amie puis se mit à courir vers le village, courir comme jamais, comme si sa vie en dépendait, et d’ailleurs il y avait un peu de ça…

Elle arriva devant « La reine Tissu », essoufflée, épuisée, et sans avoir la moindre idée de ce qu’elle allait pouvoir dire. Elle entra d’un pas mal assuré et scruta la boutique.

Une femme d’âge mûr lui sourit au comptoir.

- Je peux peut-être vous aider ? demanda-t-elle poliment.
- En fait je… je cherche Lee…

Les traits de la femme s’affaissèrent.

- Je suis désolée, mais il est parti tôt ce matin sans dire où il allait. Il a dit qu’il ne reviendrait pas avant demain.

Et voilà, c’était fini. Il n’était plus là, il était parti, lui aussi. Elle remercia la femme d’une voix blanche et sortit. A présent, elle ne devait pas manquer son avion.

Elle n’avait plus la force de courir, ni même de se lamenter. Elle prit un taxi jusqu’à l’aéroport ; Ino devait l’y attendre.
Sa meilleure amie la vit arriver avec un petit air triste. Elle la prit dans ses bras puis désigna le grand hall :

- Saku, regarde…

Sakura regarda. Son sang se figea dans ses veines. Elle n’en crut pas ses yeux. Un jeune homme marchait vers elle, un jeune homme aux yeux grands et ronds et vêtu du plus mauvais goût.
Ino lâcha son amie et fit mine de fureter dans un magasin. Lee s’arrêta devant la rose et se passa une main dans les cheveux, visiblement mal à l’aise. Sakura demeura muette.
Finalement il prit son courage à deux mains :

- Je sais qu’un gars maladroit et niais comme moi ne mérite pas une fille telle que toi mais… enfin, je dois te le dire… Bon. Voilà. Je… Je crois que je t’aime, non, plutôt j’en suis sûr, je t’aime comme un fou et je préfèrerais m’éclater la tête plutôt que de te rendre malheureuse, et donc… euh… Je, je voulais te demander si tu voulais bien… attention hein, je ne t’oblige à rien mais… j’aimerais bien… que tu restes vivre avec moi, jusqu’à, euh… longtemps…

Il se dandina d’un pied sur l’autre et Sakura l’entendit se traiter tout bas d’imbécile. Elle eut envie de rire, une irrésistible et merveilleuse envie de rire qu’elle n’avait pas envie de réprimer tant son cœur se dilatait de bonheur. Pourtant elle se contint un instant, le temps de passer ses bras autour du cou du jeune homme et de l’embrasser fougueusement, tout en répondant un « oui » chevrotant de joie. Il lui rendit son baiser et, à quelques mètres, Ino pouffait toute seule en se félicitant intérieurement.

Ils s’étaient souri. Elle était devenue sa fleur de cerisier, sa raison de vivre. Ils s’étaient installés dans une pittoresque maisonnette au village. Ils avaient fini par se marier, et se jurer une fidélité et un amour éternels.

Ils avaient même eu une petite fille, répondant au nom d’Aiko : enfant de l’amour, bien entendu, et Ino était la marraine.
La fillette était horriblement maladroite et on ne trouvait pas plus rond que son visage. Bien heureusement, sa mère lui avait transmis le « truc » qui faisait qu’on se retournait sur son passage, non sans une moue admiratrice.

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10 septembre 2010

Nouveaux projets

Bonjour à tous !!!

Voila je vous présente 2 nouveaux projets pour la prochaine Chibi Japan Expo (2010) qui se déroulera du 29 au 31 octobre à Paris !! 

Au départ je pensais changé de cosplay et faire Kenshin le vagabond mais ce sera pour une autre fois car je compte finalement amélioré mon cosplay de Konan de l'akatsuki, et avec un groupe la cosplayer étant plus jeune (groupe Nagato, Yahiko, Konan et Jiraya !)

Voila ce que ça donne pour l'équipe : 

Photo0775



Donc tissu gris, vert pâle et blanc comme vous l'aurez compris et un haut résille ! ^^ 

La perruque et la rose, c'est déjà fait =P (la sacoche aussi mais la mienne sera noir).


Kimono et jupe... rien de compliqué à priori ! (en tout cas moins que mes autres projets et l'autre que je compte vous montrez maintenant !).


Maintenant, une autre tenue que j'ai imaginé !!!

Toujours Konan de l'akatsuki, mais cette fois ça ce corse, je compte la faire avec les ailes en papier (et une grande robe/kimono)

Photo1025



Perruque, rose, corset déjà là !!! ^^

Les nuages seront fait de la même façon que les autres !

Pas encore d'idée précise pour faire les ailes... 

Je réfléchi pour le patron de la robe !! ^^





Est-ce que ces projets vous plaise ? =)

 

15 août 2010

Résultat projet cosplay !!!

 

Bonjour tout l'monde !!! 

De retour des vacances, je vais enfin pouvoir vous montrez le résultat de mon 1er projet cosplay !!! 

J'ai eu le temps avant la Japan Expo de faire la tenue de gauche et de droite + un pantalon portefeuille akatsuki mais pas celle du milieu !! 

Petit rapel :    

Konan                              













Résultat tenue de gauche :

tenue_1











Et résultat de la tenue de droite :

tenue_3











Voila !!! Je met le reste des photos prise à la Japan Expo dans l'album photos du blog !! 

J'espère que le résultat vous plait !! ^^ 

 

 

30 juillet 2010

L'Antigone aux Macarons

Bien le bonjour ! Dernier One-shot avant que je ne parte en vacances, où je n'aurai probablement pas de connexion Internet. Vous me pardonnerez l'absence de OS pendant deux semaines, j'espère :P

Fiction inspirée fortement de faits réels, puisque je fais moi-même du théâtre. N'hésitez pas à poster vos impressions !

Bonne lecture ! :)

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Encore plongée dans les brumes du sommeil, la jeune fille brune blottie sous ces draps bleus dans cette chambre encore sombre n’entendit pas tout de suite le refrain de Bring Me To Life d’Evanescence qui émanait à plein volume du portable posé sur la table de chevet. La tête enfouie dans un oreiller et recouverte de mèches désordonnées de l’adolescente n’émergea pas immédiatement : la brunette eut un léger sursaut, puis une main fine sortit des draps pour chercher à tâtons le responsable de ce réveil pour le moins brutal. Une fois le portable et la musique éteints, un grognement sourd monta dans la petite chambre. Poussant un soupir résigné, la jeune fille s’assit lentement sur son lit et se frotta les yeux, ses cheveux cachant encore son visage. Elle s’étira difficilement et marmonna : « tu aurais dû te coucher plus tôt, ma petite ! ».
Cette phrase coutumière qu’elle prononçait chaque matin avant d’aller au lycée eut cette fois ci un drôle d’effet sur elle : l’adolescente s’interrompit brusquement alors qu’elle étirait voluptueusement ses muscles ankylosés de sommeil et ouvrit de grands yeux paniqués, les bras en l’air.
Contrairement à son habitude, elle s’était couchée tôt, très tôt même, la veille au soir. Elle se souvint alors qu’elle n’avait trouvé le sommeil qu’il n’y avait une heure seulement. La jeune lycéenne cherchait la cause de son insomnie lorsque son regard tomba sur un calendrier. Une date y était entourée.
Lundi 7 juin.
La brune fut prise d’un horrible doute.
Quel jour était-on au juste ?

- TEMAAAA !!!

Se levant d’un bond, gesticulant dans tous les sens, la brunette quitta sa chambre comme une furie. Elle croisa dans le couloir une grande blonde déjà habillée, coiffée et maquillée qui lui tendit stoïquement une pile de vêtements et un flacon de gel douche. Sans prendre le temps de remercier sa sœur aînée, la jeune fille brune fonça dans la salle de bains, ferma la porte à clef, se débarrassa de son pyjama et s’accorda une seconde pour se dévisager dans la glace.

Elle y vit une adolescente de 16 ans de taille relativement petite, au corps maigre et sans forme, au visage terne où brillaient deux yeux noisette et aux cheveux châtains en bataille.
Ses bras fins tremblèrent violemment lorsqu’elle prit conscience pour de bon du jour qu’on était.
Elle s’appelait Tenten, elle avait 16 ans et, ce lundi 7 juin, elle avait une représentation de théâtre.
Une représentation devant son lycée entier, de la seconde à la terminale. Sept classes pour chaque niveau. Environ 630 personnes, sans parler des profs, des parents et des quelques comédiens renommés qui comptaient dans les relations de sa prof de théâtre.
L’angoisse absolue.
Dans une tentative désespérée pour fuir son regard terrifié, la jeune fille tourna le dos à son reflet et entreprit de prendre une douche brûlante dans l’espoir dérisoire d’évacuer le stress qui menaçait de la faire défaillir.

Elle fut à peu près prête une dizaine de minutes plus tard.
Achevant de nouer ses éternels macarons, la jeune fille attrapa un sac duquel pendait une manche pailletée et se précipita dans la cuisine. Sa sœur l’y attendait et eut un sourire rassurant, contrastant avec son ton plein d’énergie :

- Tiens, voilà un croissant pour manger sur la route, fit elle en tendant la viennoiserie à sa sœur cadette. Relax, tu vas être géniale… Donne tout ce que tu as dans le ventre !
- Je n’ai pas très faim, murmura Tenten en prenant tout de même le croissant emballé.
- Alors tu mangeras à midi ! répondit la blonde avec un clin d’œil complice.

Tenten eut un minuscule sourire et adressa un regard reconnaissant à sa sœur : Temari, avec ses couettes dorées, ses pétillants yeux verts et ses joues toutes roses avait toujours su jouer le rôle de la grande sœur idéale, prévenant les moindres désirs de Tenten et, plus important encore, l’encourageant à vivre toujours plus loin sa passion : le théâtre. Temari défendait sans cesse Tenten lorsque Yuki, leur implacable mère, rabaissait la condition des comédiens et tentait de dissuader sa fille cadette de poursuivre la voie du spectacle. Même si Tenten ne l’aurait avoué pour rien au monde, Temari savait à quel point le mépris que portait Yuki envers la comédie blessait sa sœur : elle aurait tant aimé que sa mère soit fière de ses prestations.

- Tu vas tous les scotcher, répéta Temari en souriant. T’es une super actrice, je le sais ! Alors joue ton rôle à fond et fais toi plaisir !

Malgré la pâleur de son visage, Tenten sentit l’étau qui lui broyait le ventre se desserrer un peu. Elle plaqua une bise sur la joue fraîche de sa sœur et se dépêcha de sortir de la maison. Dehors, la chaleur étouffante du mois de juin accompagnée de l’odeur peu plaisante des pots d’échappements fit frémir la jeune fille : elle sentit des perles de sueur se former sur sa nuque et se félicita intérieurement d’avoir relevé ses cheveux. Empoignant son sac en carrant ses maigres épaules, comme si ce geste pouvait l’aider à surmonter les épreuves à venir, Tenten se mit en route pour le lycée, songeant à chaque pas qu’elle faisait dans la rue surpeuplée à quel point l’heure tant attendue et en même temps tant redoutée approchait.
Elle attendait que les voitures daignent ralentir pour traverser la rue lorsqu’elle aperçut, patientant comme elle sur le trottoir d’en face, le petit ami de sa sœur, Shikamaru Nara. Elle lui adressa un signe de main tremblant et le sourire un peu moqueur qu’il lui retourna ne fit qu’accentuer le mal aise de la brune.
Shikamaru traversa finalement et ils se firent la bise. Puis, avisant le sac contenant multiples costumes et accessoires de scène, Shikamaru lança :
- Alors, c’est le grand jour ?
- Euh… oui, répondit Tenten, étonnée.

Etait-ce Temari qui le lui avait rappelé ?
Mais Shikamaru, au lieu de se contenter d’un simple et habituel « galère », eut une mine compatissante et serra d’une main l’épaule frêle de Tenten.

- Je suis sûr que tu t’en sortiras à merveille. Tu as déjà du courage de monter sur scène… J’essayerai de venir t’acclamer avec Tema tout à l’heure.
- Merci ! s’exclama Tenten, agréablement surprise ; elle ne savait pas Shikamaru si prévenant.
- Y a pas de quoi… bon, je file maintenant. Bonne chance.

Tenten le regarda s’éloigner tout en s’allumant une cigarette. Reprenant courage, elle traversa la rue au pas de course.
Un quart d’heure plus tard, elle se tenait devant un imposant portail en fer rouillé, précédant les quelques bâtiments en briques vertes constituant le lycée Shuriken. Les bras de Tenten tremblèrent de plus belle ; il lui semblait que jamais elle ne pourrait franchir ce portail austère. Elle reçut alors une pichenette dans le dos ; se retournant, elle se retrouva face à un jeune homme aux larges épaules, aux cheveux bruns et aux dents extrêmement pointues, donnant un air carnassier à son sourire. Il claironna :

- Prête à affronter ton destin, Ten ?
- Pas vraiment, s’esclaffa la jeune fille nerveusement. Et toi, Kiba ?
- Bof, fit celui-ci en haussant les épaules. On verra bien ce que ça donne.

Il avait parlé d’un ton dégagé, mais Tenten connaissait assez bien son partenaire de théâtre pour deviner qu’il était au moins aussi stressé qu’elle. Une belle adolescente blonde se joignit à eux, assenant Kiba d’une claque amicale derrière la tête.

- Alors les cocos, j’espère que vous êtes en forme ?
- Ino, grogna Kiba en se massant l’arrière du crâne. Toi, tu en as tout l’air, en tout cas.
- Il ne faut pas se fier aux apparences, rit la jeune fille en enfonçant ses mains dans ses poches. Même si je suis morte de trouille, je ne le montre pas !

Tenten eut une moue amusée : elle avait toujours envié l’assurance et la répartie d’Ino, mais elle admettait sans peine que celle-ci soit également terrifiée. Jouer devant des centaines de personnes représentait une expérience devant laquelle beaucoup se seraient défilés.

- Bon, on rentre ? s’impatienta la blonde en désignant le bâtiment principal.

C’était dans l’immense salle des spectacles, au rez-de-chaussée de ce bâtiment, que devait avoir lieu la représentation. Tenten déglutit avec difficulté. Elle n’était vraiment pas sûre d’avoir le cran nécessaire.

- Allons-y, obtempéra Kiba en pâlissant.

Les trois amis entrèrent dans la salle ; ils n’étaient pas les premiers arrivés : une jeune fille à la démarche peu assurée et un garçon brun aux yeux noirs marchèrent à leur rencontre. Ino s’approcha sans tarder du brun :

- Salut Sasuke, fit elle avec entrain. Pas trop le trac ?
- Hmf, répliqua simplement Sasuke en regardant ses chaussures.

Tenten ne put s’empêcher de rire discrètement devant la mine déconfite d’Ino : elle avait le béguin pour Sasuke depuis le collège et ce n’était un secret pour personne. La brune remarqua tout de même qu’il paraissait encore plus renfermé que d’habitude, et la tension ne devait pas y être étrangère. A côté d’elle, Kiba tentait de rassurer la fille qui était arrivée en même temps que Sasuke.

- Ne t’inquiète pas, Hinata, tu n’as qu’une seule réplique à dire. La dernière fois, tu es parvenue à la réciter sans bégayer !
- Je… je sais m…mais là… j…j’ai un p…peu peur…
- Tout le monde a peur, crois moi, assura Kiba avec douceur. On va tous prendre notre courage à deux mains et la pièce va être géniale ! Il le faut !

Hinata leva ses beaux yeux violets vers lui et esquissa un sourire. La prof de théâtre passa la porte à cet instant et aboya :

- Que faites vous là à discuter ? Allez, tous dans les coulisses ! Changez vous, maquillez vous, on n’a pas toute la journée ! La représentation commence dans une heure !

Même Tsunade semblait avoir les nerfs à fleur de peau : ses cheveux blonds étaient un peu plus ébouriffés que d’habitude et elle se tordait les mains comme si elle ne savait pas quoi en faire. Connaissant les colères effroyables de leur professeur, les comédiens en herbe se précipitèrent vers les coulisses sans un commentaire.

Les coulisses se situaient de chaque côté de la scène, sur laquelle s’affairaient déjà deux hommes en hideuses combinaisons verdâtres : tous deux arboraient des coupes au bol des plus singulières et se tenaient sur des échelles avec le même sourire éclatant. On aurait dit le père et le fils.

- On a presque fini d’installer les décors ! cria le plus jeune des deux avec un enthousiasme débordant.
- Vous avez fait du beau boulot, les gars, apprécia Kiba en observant la scène magnifiquement décorée.
- Il y a encore quelques détails à peaufiner, mais on aura fini à temps ! ajouta le plus vieux. La fougue de la jeunesse est en nous, pas vrai Lee ?
- Je n’aurais pas dit mieux, professeur Gaï !

Il n’y avait bien que ces deux là pour être si sûrs d’eux, pensa Tenten en écartant le rideau menant aux coulisses. Un fouillis indescriptible apparut alors à ses yeux, et elle soupira.

- Houla, on a un peu oublié de ranger, à la répèt’ générale, remarqua Ino.
- Il vaudrait mieux que Tsunade ne voie pas ce chantier… murmura Tenten en posant son sac.

Elle commença alors à éparpiller divers costumes tandis qu’Ino et Hinata mettaient un peu d’ordre et que Sasuke et Kiba entreprenaient de coiffer leur tignasse. Sasuke devait aussi subir l’épreuve du talc sur la tête, afin de blanchir ses cheveux, car c’était une caractéristique de son personnage.
Shino, Sakura et Choji rejoignirent les coulisses à leur tour, affichant des visages crispés et des mains moites.

- Mais qu’est ce que fichent Naruto et Kankuro ? pestait Tsunade. Comme d’habitude, les derniers arrivés…

En attendant les deux éternels retardataires, les comédiens s’organisèrent pour la « séance barbouillage » : Ino, qui avait apporté son énorme trousse de maquillage, se mit en devoir de pomponner tout le monde. Elle-même était très jolie, avec son rouge à lèvres, son blush rose pétant, son ombre à paupières mauve et sa couette blonde et parfaitement lisse.

- Sasuke, on va commencer par toi, décida Ino en fouillant dans sa trousse. Ensuite ce sera à toi, Kiba… Je vais m’occuper aussi des gardes, quand Naruto et Kankuro seront là. Les filles, je vous laisse vous maquiller seules… Sasuke, en avant !

Ino tira vivement une table et une chaise jusqu’aux toilettes des filles. Kiba ricana et donna une bourrade à son ami aux yeux d’ébène :

- Profites-en, mon vieux, c’est pas tous les jours que t’auras l’occasion d’entrer dans des toilettes pour femmes sans te faire rabrouer !

Mais Sasuke n’avait guère l’air aussi enthousiaste que Kiba : il s’assit néanmoins sur la chaise que lui indiquait Ino et fit de son mieux pour rester de marbre tandis que la blonde dégainait un eyeliner telle une arme et se penchait sur lui pour le lui passer autour des yeux, fronçant les sourcils et tirant un bout de langue sous la concentration. Tenten tira alors Kiba par le bras et l’entraîna dans les coulisses.

- Allez mon bien-aimé fiancé, lança-t-elle en battant des cils, il est temps de se changer !
- Bien sûr ma tendre Antigonounette, répondit Kiba avec un sourire coquin.

Tenten ne retint pas un éclat de rire, profitant de ces quelques minutes où le stress semblait s’atténuer, tout en sachant pertinemment qu’il ne tarderait pas à refaire surface. Quand ils écartèrent le rideau des coulisses, Sakura, Hinata et Shino se changeaient déjà. Tenten se déshabilla sans éprouver de gêne : la pudeur n’avait pas sa place au théâtre, et l’esprit de solidarité qui régnait dans la troupe était au dessus de l’embarras. De toute façon, tous avaient trop le trac pour se permettre la moindre réflexion.
Sauf Kiba, peut être, qui reluqua Hinata sans vergogne et lança, taquin :

- Quand même, Hina, t’es vachement bien foutue !
- Tais toi donc, voyeur, s’écria Sakura en riant et en lui balançant sa brosse alors qu’Hinata rougissait comme une pivoine.
- Tu n’es pas mal non plus, Kib’, intervint Tenten en jetant un œil aux abdos du jeune homme.

Une tête blonde se glissa alors entre les rideaux, arrachant un cri à Hinata qui bondit en arrière :

- Na… Naruto ! Tu m’as fait peur !
- Désolé, Hinata, sourit le nouveau venu, qui lui n’avait même pas remarqué les formes gracieuses de sa partenaire. Dites, y a de la place pour Kankuro et moi ? On n’a pas encore croisé la prof, et le plus tard sera le mieux…
- NARUTO UZUMAKI ET KANKURO NO SABAKU !! IDIOTS !!
- Trop tard, lâcha Tenten en grimaçant.

Elle acheva de passer sa robe bleu nuit sous les hurlements de Tsunade : Naruto et Kankuro avaient mal choisi leur jour pour arriver en retard. La voix d’Ino, dans les toilettes, lui donna un bon prétexte pour s’éloigner de cette pénible scène :

- Ramène tes fesses Tenten, j’ai besoin de toi pour mettre du talc à Sasuke.
- J’arrive !
- Kiba, tiens toi prêt, je m’occupe de toi après.
- Nooon… se lamenta le brun en boutonnant sa chemise rouge.

Tenten entra dans les toilettes et découvrit un Sasuke méconnaissable : ses ténébreux yeux noirs étaient cernés d’un épais trait de la même couleur que ses prunelles et ses cils repassés de mascara s’allongeaient en formant une gracieuse courbe, rendant le regard du jeune homme plus charbonneux que jamais. Ino l’avait aussi arrangé au fond de teint et avait coiffé ses cheveux en pics élégants. Sasuke était vraiment très beau ainsi ; ne manquaient plus que le talc et le déguisement, et il ressemblerait véritablement au personnage qu’il incarnait.

- Baisse la tête et bouge le moins possible, ordonna Ino en agitant un tube de talc.

Tenten se chargea de lui maintenir la tête et Ino l’aspergea généreusement de poudre blanche. Sasuke émit un ou deux grognements ; au bout de quelques minutes, il put se redresser avec des cheveux blancs comme neige, au milieu d’un nuage de fumée. Ino, satisfaite, épousseta son dos avec énergie et dit :

- Parfait, il ne reste plus qu’à enlever la poudre dans ton cou et ce sera bon… Kiba, viens par là !
- Tu vas avoir la peau du dos aussi douce que celle d’un bébé, ma poule, se moqua Kiba en voyant Sasuke vieilli de quarante ans.

Son sourire s’effaça cependant lorsqu’Ino le fit s’asseoir et lui plaqua la tête contre le mur, recouvrant ses paupières de fard noir. A côté d’eux, Tenten crayonnait ses yeux, peignait ses lèvres de rouge et étalait un peu de noir sur ses joues pour faire croire à de la suie. Elle ébouriffa ses macarons et sourit en entendant Sasuke gémir :

- Bon Dieu, cette représentation constituera mon suicide social…

La jeune fille passa un anneau d’or à son index et sortit des coulisses, fixant avec une appréhension grandissante les sièges remplissant jusqu’au fond de la salle. Elle ne devait pas décevoir son public, la troupe et la pièce comptaient sur elle : elle devait se montrer brillante, elle n’avait pas le choix. Une voix grave la tira de ses réflexions :

- Excuse-moi, tu n’aurais pas vu Sasuke ?

Tenten se retourna et sentit immédiatement le rouge lui monter aux joues. Elle bafouilla au garçon qui se tenait en face d’elle :

- Euh… il… il doit être dans les coulisses…
- En train de se préparer pour tout à l’heure, j’imagine ? fit l’adolescent en scrutant le visage peinturluré de Tenten, puis son déguisement.
- C’est ça, oui… Ino s’occupe de lui… Enfin, je veux dire… Ino le…le maquille.

Voilà qu’elle se mettait à bégayer autant qu’Hinata, à présent. Et le magnifique jeune homme à qui elle parlait n’était autre que son cousin ! Neji faisait partie des garçons les plus populaires du lycée et était un grand ami de Sasuke. Elle l’avait remarqué le premier jour où elle avait intégré le lycée. Il faut dire qu’avec ses longs cheveux d’encre, son teint d’ivoire et ses grands yeux blancs, Neji Hyûga ne passait pas inaperçu. Il lui sourit et dit :

- Je viendrai voir le spectacle tout à l’heure. J’espère qu’Hinata arrivera à dire sa réplique sans rougir… Je suis toujours aussi surpris qu’elle ait choisi l’option théâtre, ajouta-t-il avec un haussement de sourcils dédaigneux.

Le stress et la gêne combinés firent que Tenten démarra au quart de tour. Elle répliqua d’une voix glaciale qu’elle n’aurait jamais osé adopter, surtout en présence de Neji, en temps normal :

- Hinata est beaucoup plus à l’aise depuis qu’elle fait du théâtre et ça lui fait énormément de bien. Ici au moins, elle sait qu’on ne va pas la juger ou se moquer d’elle sur ce qu’elle paraît être.

Neji parut étonné devant ce soudain changement d’attitude. Il prit un ton apaisant :

- Je ne doute pas une seule seconde de tes paroles. Hinata a sûrement fait un bon choix… Ca me fait plaisir de constater qu’elle a trouvé des amis fidèles sur qui elle peut compter.

Il sourit davantage et Tenten se sentit idiote : comme d’accoutumer, elle s’était enflammée alors que Neji n’avait pas voulu être méchant. Celui-ci la dévisagea puis dit :

- En tout cas vous êtes tous très courageux : ça ne doit pas être facile de monter sur scène devant tout le lycée réuni… Je ne sais même pas si j’oserais, moi.

La sonnerie retentit à cet instant et Tenten sentit son estomac se tordre douloureusement : elle monterait sur scène dans un quart d’heure.

- Eh bien, à tout à l’heure, fit Neji. Bonne chance surtout, mais il paraît que tu es une excellente comédienne, alors je ne m’en fais pas.

Il quitta la salle d’un pas tranquille et le cœur de Tenten bondit dans sa poitrine, et cette fois le trac n’y était pour rien : il avait entendu parler d’elle, et mieux, il lui avait fait un compliment ! Revigorée, la jeune fille se dirigea vers les coulisses d’un pas plus léger. Elle y trouva ses compagnons en train de parfaire leur attirail : Choji, Naruto et Kankuro, tous trois habillés de vestes et pantalons militaires, ajustaient leurs casquettes ; Ino avait revêtu sa robe bouffante rose vif et traçait méticuleusement de petites rides aux coins des yeux de Sakura, qui avait rassemblé ses cheveux rose en chignon et avait passé une robe légère doublée d’un peignoir beige. Assis sur une chaise, Sasuke, un livre à la main, revoyait une dernière fois son texte en bougeant les lèvres en silence. Shino avait emprunté un crayon à Ino et barbouillait ses joues d’une barbe fournie. Hinata, dans sa longue robe noire, triturait sa laine et ses aiguilles à tricoter ; enfin, Kiba sifflotait dans un coin.
Tenten s’installa près de lui et ils échangèrent un regard où planait la même angoisse. Tsunade fit alors son entrée :

- Bien, maintenant que vous êtes tous prêts, commença-t-elle d’une voix plus douce qu’à l’ordinaire, nous allons faire un petit exercice au fond de la salle. Suivez-moi.

Intrigués, les élèves se levèrent un à un et la rejoignirent. Elle leur ordonna de se donner la main et de faire un cercle dans lequel elle prit place.

- Inspirez et expirez profondément, dicta-t-elle, toujours aussi patiente. Respirez par le ventre, comme je vous ai appris… Rencontrez le regard des autres ; offrez-leur un regard bienveillant, confiant. Ces mois passés ensemble ont tissé des liens forts entre vous tous ; votre confiance en votre partenaire sera cruciale lors du spectacle.

Ino serra la main de Tenten très fort et murmura :

- Fais passer.

Tenten obéit et serra la main de Sakura en chuchotant la même chose. Ce contact fit le tour du cercle ; il était important, car il démontrait à chacun que les autres étaient là pour lui. Tsunade continua :

- Je n’ai pas pour habitude de mentir à mes élèves : je vous dis franchement que j’ai une entière confiance en chacun de vous, et je suis certaine que tout va bien se passer. Je sais que vous êtes capables de jouer votre rôle jusqu’au bout ; vous savez votre texte, vous connaissez votre personnage. A présent amusez vous sur scène, faites vous plaisir et soyez généreux envers le public. Donnez-leur des émotions, faites passer votre passion. Vous êtes tous dans la même galère aujourd’hui et nous allons être solidaires. C’est ça, une troupe de théâtre. Alors maintenant vous allez inspirer encore quelques instants, puis chacun va retourner en coulisse, là où il doit être.

Tenten remarqua que même Naruto et Kankuro avaient des mines sérieuses et concentrées. Au bout d’un moment, le cercle se dissipa et tous essayèrent de se réconforter encore un peu. Kiba prit Sakura et Hinata par les épaules et murmura :

- On peut y arriver ! Allez, merde les filles, et ne dites pas merci !

A la grande surprise d’Ino, Sasuke la prit dans ses bras avec un sourire et lui tapota le dos en assenant : « merde ! ». Naruto et Kankuro se serrèrent la main d’un air solennel et Kankuro déclara :

- Que la merde soit avec toi, mon vieux.
- Merde mon canard, répondit Naruto en lui donnant une tape sur la joue.

Tenten se serra contre le gros ventre de Choji et murmura : « merde ! ». Shino ébouriffa les cheveux d’Hinata d’une main en scandant le même mot magique et Tsunade, une fois tous les acteurs en coulisse, sourit et dit :

- Merde à tous ! Je crois en vous !

Elle ferma les rideaux et les comédiens se retrouvèrent plongés dans le noir. Ils attendirent une minute ou deux dans un silence tout juste ponctué de quelques soupirs, puis un brouhaha monta lentement dans la salle. Tenten jeta un coup d’œil à travers les rideaux et Sakura couina :

- Holala, ils arrivent !
- J’ai envie de dire : putain de merde, pour le coup, fit Naruto.

En effet, Tenten put distinguer que les sièges se remplissaient au fur et à mesure que les classes entraient. Tsunade, un micro en main, monta sur scène et se racla la gorge avant de parler :

- Bonjour à toutes et à tous. Notre troupe composée d’élèves de seconde va bientôt vous présenter notre projet de l’année : nous allons vous jouer le mythe d’Antigone, la célèbre pièce de Jean Anouilh. Je me permets de faire un petit rappel : Antigone est la fille d’Œdipe, le roi de Thèbes, que vous devez tous connaître, car Œdipe incarne le personnage victime de son cruel destin, puisque sans le savoir il a tué son père et a couché avec sa mère. De ces unions incestueuses sont nés quatre enfants : deux fils, Etéocle et Polynice et deux filles, Ismène et Antigone. A la mort d’Œdipe, ses deux fils se sont entretués dans une lutte pour le pouvoir. C’est Créon, le frère de Jocaste, la femme et la mère d’Œdipe, qui monte sur le trône et pour donner l’exemple, il décide qu’à Etéocle, le fils loyal et modèle, il sera fait des funérailles nationales. Quant à Polynice, le voyou, l’ordre est donné de laisser son corps pourrir au soleil, sans sépulture. C’est là que le drame se noue et que notre pièce commence : la jeune Antigone, révoltée par le sort qu’on réserve à son frère, va s’opposer à la volonté de son oncle Créon, scellant ainsi son destin en lui désobéissant.

Dans les coulisses, les comédiens écoutaient le speech de Tsunade d’une oreille distraite. En vérité chacun essayait d’évacuer son stress à sa façon : Kiba, les doigts joints et la tête baissée, semblait perdu dans ses pensées, le visage grave pour une fois ; Ino passait ses mains dans ses longs cheveux en promenant son regard bleu un peu partout ; Sasuke, allongé par terre, les yeux fermés, méditait ; Hinata se rongeait les ongles ; Naruto, Kankuro et Choji faisaient silencieusement une partie de kilo de merde ; enfin Sakura s’appliquait à masser les épaules tendues à l’extrême de Tenten.

- Voilà, maintenant vous savez tout, tonitrua Tsunade. Ces élèves sont tous en classe de seconde, ils n’ont pas plus de 16 ans : aussi je vous demande votre indulgence pour ce spectacle. Derrière ces rideaux, ils sont en proie à une trouille terrible !
- Ca va Tsunade, on sait, marmonna Kiba en serrant les dents.
- Je vous souhaite de passer un agréable spectacle, conclut la prof de théâtre.

Tenten ne maîtrisait même plus les tremblements de ses membres ; il lui semblait que si elle se levait, ses jambes ne la soutiendraient pas. Le tonnerre d’applaudissements qui suivit le discours de Tsunade lui donna le tournis : c’était à elle à présent.
Les comédiens se levèrent comme un seul homme, avec la même respiration saccadée, évitant le regard des autres.
Deux secondes passèrent et puis ils entendirent l’air triste qu’entamait le violoncelle de Kin, la préposée à la musique durant la représentation.
C’est le signal.
La brunette effleura le rideau d’un doigt, comme si elle n’osait pas le toucher ; il le faudrait bien pourtant.
Elle était au théâtre.
Elle n’était plus elle pendant ce temps passé sur le bois de la scène.

Elle s’appelait Antigone, elle avait 20 ans et elle allait devoir mourir durant ce théâtre.

Elle écarta le rideau, monta lentement les trois marches et apparut sur scène.
La suivit de près Créon, le roi ; nombre de filles soupirèrent d’aise lorsque Sasuke fit son entrée, sublime dans son costar, maquillé à outrance et les cheveux plus blancs que neige.
Un temps encore, et Ismène, la sœur d’Antigone, vint rejoindre celle-ci : Ino, tout trac oublié à présent qu’elle jouait son rôle, eut un sourire rayonnant en se déplaçant avec grâce dans la robe de la princesse qu’elle incarnait.
La nourrice, qui avait élevé les deux petites, apparut à son tour : Sakura modifia sa démarche pour avoir l’air vieille et fatiguée, à un tel point que les spectateurs eurent du mal à la reconnaître sous ses rides.
Hémon, le fiancé d’Antigone, se plaça près d’Ismène : lui aussi, il devrait mourir ce matin, puisque par désespoir il se tuerait près de son amour après que celle-ci ait expiré. Kiba dégageait un charme certain dans sa chemise aux manches retroussées, la poudre rendant son teint plus pâle qu’à l’ordinaire.
Eurydice, la femme de Créon, vint s’installer au fond de la scène, sur une chaise dans l’ombre, et se mit à tricoter. « Elle tricotera durant toute la pièce, jusqu’à ce que son tour vienne de se lever et de mourir. »
Hinata, dans sa robe noire, se concentra sur son ouvrage pour ne pas avoir à affronter le public.
Puis ce furent les gardes qui entrèrent, ceux qui plus tard se chargeraient d’arrêter et d’exécuter Antigone : Choji, Naruto et Kankuro, dans leur rôle de gros rustres qui leur allait si bien, firent semblant de jouer aux cartes.
Enfin le messager apparut : derrière ses lunettes, Shino se concentrait pleinement.

- Voilà, commença-il. Ces personnages vont vous jouer leur histoire…

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Debout près du rideau, Tenten attendait.
Tout cela était passé si vite ; comment croire que la fin était si proche ?

Elle s’était donnée à fond, plus qu’à n’importe quelle répétition, dans sa chambre ou près de la prof ; plus même qu’à la répétition générale, plus même si c’était possible que dans ses rêves les plus fous. Elle avait senti Antigone ; elle avait été Antigone, pendant ces deux heures de spectacles, du début à maintenant.
De sa tirade face à sa sœur Ismène où elle devait se jeter par terre, sa voix vibrante de colère ; de la scène où elle devait jouer l’amoureuse avec Hémon, son fiancé, et où elle rejetait celui-ci et qu’elle surprenait la salle entière en hurlant « Pars !! » de toutes ses forces. Du passage où les gardes l’empoignaient avec violence et qu’elle devait faire la fière. Jusqu’à sa dispute avec son oncle Créon, où elle se moquait ouvertement de lui, où il la malmenait avec tant de force qu’elle hurlait « Je n’ai même plus mal à présent ; je n’ai plus de bras ! » et où elle le suppliait de la faire mourir.
Les autres comédiens aussi avaient été extraordinaires : Ino alias Ismène avait su jouer à la perfection son rôle de grande sœur à la fois maternelle et frivole. Kiba, son fidèle Hémon, avait fait transparaître sur ses traits la tendresse, puis son insurmontable chagrin. Sasuke, le puissant roi Créon, avait transmis la difficulté de son devoir et la violence de ses actes. Sakura avait assumé son rôle de nourrice affectueuse et inquiète. Les gardes, Naruto, Kankuro et Choji, avaient été poilants dans leurs personnages bruts et simplets. Même Hinata avait réussi à parler avec fermeté.
A présent Shino et Sasuke jouaient la dernière scène où le messager annonçait à Créon que sa femme venait de se suicider en apprenant la mort de son fils Hémon, et que le roi était tout seul désormais.
Kin fit vibrer les cordes de son instrument lorsque les derniers comédiens disparurent dans les coulisses, d’un trémolo doux et infiniment triste.
La tragédie s’était jouée.

Tenten, le cœur battant, attendait le verdict du public.
Kiba et Shino se faufilèrent derrière les rideaux. La scène s’éteignit doucement.
Un silence, minuscule.
Suivi d’une clameur, grandissante, énorme !

Dans la salle dont le plancher vibrait à présent, pas loin de mille personnes applaudissaient à s’en faire mal aux mains et criaient leur enthousiasme.
Hinata et Naruto remontèrent sur scène, apparaissant chacun d’un côté ; c’était le moment de saluer, par ordre d’importance des personnages.
Puis Choji et Kankuro ; après Sakura et Shino ; puis Tenten vit Ino écarter le rideau et rejoindre Kiba sur scène : ces deux là reçurent une ovation impressionnante, bien que les autres aient également été applaudis avec ferveur.
Il ne restait plus que Tenten dans les coulisses ; Sasuke devait se trouver à l’autre bout.
Elle remonta sur scène avec la légèreté d’un oiseau : les comédiens se tenaient la main et lui réservaient une place au centre de la scène. Elle s’y rendit, avançant vers Sasuke qui pour une fois s’accordait un sourire rayonnant : il lui prit la main et ils firent un pas en avant, puis saluèrent bien bas.
La salle explosa alors de hurlements, sifflements et applaudissements.

- TENTEEEEEN !!
- SASUKEEEE !! ANTIGONE !!!
- OUAAAAAAAIS !!!
- WOUHOUUUUU !!

Tenten n’en croyait pas ses yeux. Elle parcourut le public du regard et fut sidérée de constater que beaucoup de spectateurs (surtout des spectatrices, il fallait le reconnaître) avaient les joues inondées de larmes et des sourires béats.
Elle aperçut soudain sa sœur, accompagnée de leur mère et de Shikamaru. Temari, les yeux brillants, sautillait sur place en poussant des hurlements, ce qui fit rire Tenten. Shikamaru leva un pouce en sa direction en lui adressant un clin d’œil.
Tenten regarda sa mère bien dans les yeux et sentit sa gorge se nouer d’émotion.
La froide Yuki, les mains jointes comme si elle priait, un petit sourire aux coins des lèvres, ne lâchait pas sa fille cadette des yeux.
Des yeux emplis de larmes.
Tenten sentit quelque chose céder en elle, comme un poids qui s’envole.
Yuki semblait pleurer sans même s’en rendre compte ; elle sourit à sa fille, et Tenten décela dans son regard mouillé quelque chose qui ressemblait fortement à de la fierté.
« Merci, maman » pensa la jeune fille en sentant ses yeux devenir humides.

Elle ne détourna le regard que lorsque les comédiens se prirent tous par la main et firent une hola grandiose, arrachant de nouveaux cris et applaudissements à la foule. Tsunade et Kin vinrent saluer à leur tour et la troupe les acclama.
En s’inclinant à nouveau, Tenten rencontra le regard d’une autre personne, au premier rang.
Neji lui sourit et hurla pour qu’elle l’entende :

- Tu as été magnifique, Tenten !

Sasuke et Kiba la prirent dans leurs bras. Ino ne tarda pas à se joindre à cette étreinte collective, suivie de Sakura et de Naruto. Shino et Hinata se félicitèrent mutuellement et Choji et Kankuro se mirent à improviser une valse sur scène.

Tenten se sentait submergée de bonheur et d’émotions : elle avait envie de pleurer, de rire et de hurler en même temps. Elle se serra contre ses amis et elle se rendit compte que pour une fois, elle n’avait pas peur d’envisager l’avenir.
Elle regarda Tsunade qui riait et félicitait ses élèves. Elle attrapa son regard et, sans bouger les lèvres, elle sourit simplement et lui transmis ce mot :
« Merci. »
La prof de théâtre pencha la tête et eut un vague mouvement des épaules, comme pour dire : « Il n’y a vraiment pas de quoi. »
Tenten savait bien que, si elle ne devait son talent qu’à elle-même, ce n’était pas le cas de son expérience, qu’elle avait acquise grâce au formidable apprentissage de Tsunade.

La brunette sauta de la scène et se fondit dans la foule.
Elle sourit en remarquant Neji qui l’observait, à quelques pas de là.
Elle s’avança vers lui tandis qu’on la couvrait d’éloges de toutes parts.
Aujourd’hui elle osait.
Elle avait les joues rouges tomate comme à chaque fois qu’elle songeait à son béguin, mais elle était heureuse.

Elle s’appelait Tenten, elle avait 16 ans et, ce lundi 7 juin au matin, elle décidait de prendre sa vie en main.

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J'espère que ça vous a plu :) Ce OS est bien plus récent que les autres, il date de juin de cette année. J'en suis plutôt satisfaite.

Petite minute culturelle, en référence au passage où les comédiens se disent "merde" pour se porter chance :
Ce rituel au théâtre vient du Moyen-Âge : les spectacles se déroulaient alors dehors, sur un simple plancher surélevé. Et à chaque fin de réprésentation les comédiens comptaient le nombre d'excréments au pied de la scène : plus il y en avait, plus le spectacle avait eu du succès, car à l'époque tout le monde ou presque se déplaçait à cheval. S'il y avait excrêments, il y avait eu chevaux et donc hommes... depuis les comédiens se disent "merde" pour réussir leurs prestations ! Et le vert est porte-poisse au théâtre ! (dommage, c'est ma couleur préférée :P)

Voilou, merci d'avoir lu, je vous souhaite de bonnes vacances ! :D

Petit avant-goût à mon retour ; le prochain One-shot datera d'hier :

Titre : "Il n'y a rien de pire que l'amour sauf de ne pas aimer" JJ Goldman

Résumé : Une belle citation, une belle jeune fille, de belles espérances mais pas forcément de beaux résultats. Quand un coeur déçu se bat pour ne plus avoir mal, un vide peut se créer...

Genre : One-shot/Romance

A bientôt ! :)

28 juillet 2010

Prochain OS

Titre : L'Antigone aux Macarons

Résumé :  Tenten a toujours adoré le théâtre, et à raison : elle est très douée et la troupe est solidaire. Aujourd'hui elle a une représentation... Devant sa mère à qui elle devra prouver le bien-fondé de sa passion, devant tout son lycée aussi. Elle devra avoir confiance envers sa troupe et surtout, confiance en elle-même...

Genre : One-shot/Théâtre/Amitié

Publicité
24 juillet 2010

Ne Reviens Pas les Mains Vides

Coucou !

Nouveau One-shot centré sur Tsunade, et sans chanson cette fois-ci ^^

Ecrit lui aussi il y a... plus d'un an même, puisqu'il date de mai 2009.

Voilà, bonne lecture ! :)

PS : le texte entre *** c'est le flash-back.

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Une bourrasque de vent frais fit voler quelques feuilles vertes et fit monter le doux parfum des boutons d’or jusqu’aux narines d’une jeune fille, qui semblait perdue dans cette mystérieuse clairière verdoyante. Le ciel était parsemé d’inquiétants nuages gris foncés, qui pourtant laissaient passer de timides rayons de soleil. La jeune fille lança son pied en l’air dans un mouvement nerveux. Les hautes herbes couvertes d’épines éraflaient sans pitié sa peau blanche. Des tâches rouges apparaissaient à présent sur les longues jambes de l’étrangère. Celle-ci fit quelques pas dans le paradis vert qui s’offrait à elle, oubliant ses jambes blessées, et regardant de ses yeux gemme le site légendaire, caché derrière les figures de pierre de Konoha. Sur ordre de l’Hokage, la kunoichi avait escaladé des parois rocheuses, avait failli se casser la figure sur un chemin sablonneux deux ou trois fois… Elle avait même dû traverser une caverne derrière une immense cascade dont elle n’avait jamais soupçonné l’existence. La caverne humide s’étendait sur des kilomètres, avant de déboucher sur cette étrange clairière silencieuse. La jeune fille aurait aperçu des fantômes qu’elle n’en aurait pas été surprise… Cet endroit derrière les visages des Hokage ressemblait à un pays merveilleux qui ne s’ouvrait au monde que quand l’envie lui prenait. Le maître de la kunoichi avait insisté pour qu’elle vienne seule, et sans bagage.
Après trois longs jours de voyage, son élève était arrivée. Elle passa un doigt dans ses mèches roses, à présent trempées, de par son passage sous la cascade. Elle caressa les pétales des fleurs jaunes colorant le sol et ferma les yeux. Le vent qui murmurait entre les arbres rares semblait vouloir lui dire quelque chose…

- Sakura !

La rose sursauta et se retourna vivement. A quelques mètres, une sublime jeune femme la transperçait de son regard chocolat. Sa tunique moulait sa taille fine et ses formes généreuses. Ses couettes dorées s’agitaient sous les assauts du vent. Sakura ne put retenir un soupir d’admiration. Depuis qu’elle avait rencontré cette femme, son plus grand rêve était de devenir en tout point comme elle, peut-être même encore plus forte.

- Maître Tsunade…

Les lèvres roses de Godaime s’étirèrent en un sourire. Elle promena ses yeux de biche autour d’elle, puis demanda :

- Sais-tu où nous sommes, Sakura ?
- A première vue, ça m’a l’air d’une clairière sauvage…
- Penses-tu que cette clairière a toujours été aussi abandonnée ?
- Je…

La jeune fille repensa au silence peu naturel de l’endroit, puis à cette impression qu’elle n’était pas seule, qui ne l’avait pas quittée lors de son périple. Etonnée, la rose s’exclama :

- Vous voulez dire que des gens auraient habité ici, maître ?
- Des gens ? Oui, des centaines. Mais pas seulement. Autrefois, cette clairière, qui était à l’origine une forêt dense, abritait des cerfs, des loups, des aigles, des sangliers… Et des humains.

De l’étonnement, Sakura passa à l’ahurissement.

- Des… des centaines de gens ?! Des animaux ? Et… une forêt ? fit elle. Mais… où sont-ils tous passés ? Les arbres ont-ils été coupés ? Quel était cet endroit, maître ?

Tsunade contempla longtemps la clairière, l’air rêveur. Puis elle consentit à répondre :

- Cet endroit était la forêt du clan Senju.

Un mot. Des centaines de vies. Toute une histoire en un seul nom.
« Le clan Senju… se souvint Sakura. C’est de ce clan qu’était le chef le premier Hokage. Son frère, le Second, en faisait parti aussi, et… »

- Alors ce clan… c’était le vôtre, maître ? Vous avez vécu ici ?
- En effet. Jusqu’à mes 10 ans, cette ancienne forêt était ma maison. Konoha n’était encore qu’un minuscule village mal famé. Nous, les Senju, avions interdiction de nous y rendre, et de dépasser la cascade.
- Pourquoi donc ?
- A l’époque, Konoha était habité par le clan Uchiwa. Madara, leur chef, vouait une haine sans merci au clan Senju. Nous vivions donc ici, dans les arbres.
- Dans les arbres ??

Tsunade plongea son regard perçant dans les yeux de son apprentie :

- Imagine des arbres immenses, aux troncs de couleur ambre, éclairés par la lumière aveuglante du soleil…

************************************************************
Et sous ces mêmes arbres, une petite fille avec une épaisse chevelure blonde attachée en une couette, et une tunique verte et rose laissant deviner les muscles de l’enfant, pourtant guère plus âgée de 9 ans.

A côté d’elle, un bambin, à la démarche encore peu assurée, doté de quelques cheveux châtains, et d’une adorable frimousse.
Le bébé s’accrocha à sa grande sœur, tirant sans ménagement sur la tunique de la petite fille.

- Arrête, Nawaki ! Tu vas déformer mes vêtements.

La blonde avait un ton ferme, mais le sourire innocent du petit garçon la fit fondre. En riant, elle le prit dans ses bras et colla un baiser sur sa joue rebondie. Puis elle se mit à le faire tournoyer, mêlant ses cris de joie aux babillements enchantés du bébé. Elle s’arrêta soudain et leva son beau visage vers le ciel. Le poupon dans ses bras fit de même.

Dans les arbres, des maisons en bois dominaient fièrement la forêt. A la cime des chênes, des hommes scrutaient l’horizon de leur tour de guet. Partout, des cordes et des échelles flottaient tranquillement. A la moindre bourrasque, les clochettes accrochées aux ascenseurs aériens s’agitaient, répandant un bruit joyeux et quelque peu insolite dans les environs. Les étrangers n’osaient pas trop pénétrer ce bois, en raison du bruit qu’émettaient ces clochettes. Certains pensaient qu’il s’agissait là de spectres maléfiques gardant farouchement la forêt. Ces innocents instruments participaient à la sécurité du territoire des Senju…
Soudain un écureuil volant bondit d’une branche pour se poser sur la tête de la petite fille. Celle-ci éclata de rire et son frère tendit les bras vers l’animal avec un sourire charmeur.

- Bonjour Aki ! C’est l’heure du casse-croûte ?

L’enfant fouilla dans la poche intérieure de sa tunique, et en sortit quelques mûres. Elle ouvrit la main, et l’écureuil volant goba voracement les fruits, avant de ronronner de plaisir et de remercier d’une léchouille sa maîtresse. La blondinette mangea les mûres restantes devant bambin, qui la regardait goûter à ces mets inconnus pour lui d’un air suspicieux. Se rendant compte que son petit frère la fixait, sa sœur lui dit en lui tapotant le bout du nez :

- Tu n’as pas encore assez de dents pour manger ça, Nawaki. Tu risquerais de t’étouffer !

Mais le bébé gardait son air boudeur qui lui allait si bien. Attendrie, la fillette le serra contre elle. Le bébé ne tarda pas à enfouir sa petite tête dans le cou de sa grande sœur, nouant ses bras autour. Un cri venant des maisons troubla ce touchant tableau :

- Tsunade ! Viens ici, au lieu de t’amuser !

Avec un soupir exaspéré, que reproduit à la perfection le petit, la fillette hissa son frère sur sa hanche et, d’une main, attrapa une échelle et commença à monter habilement. Dans ses bras, Nawaki, loin d’être effrayé, observait le sol s’éloigner avec un sourire béat, applaudissant de ses menottes potelées. Enfin Tsunade sauta sur un morceau de bois rattaché à une maisonnette, et entra sans plus tarder.
Les meubles à l’intérieur de l’habitat étaient simples, tous faits de bois. Des pommes de terre attendant d’être épluchées garnissaient la table. Des hamacs étaient suspendus au plafond, et une cuvette remplie d’eau ainsi qu’une pile de serviettes chargeaient la deuxième pièce de la maison. Penchée au dessus d’une fenêtre ouverte, une vieille femme réparait un morceau de mur abîmé. Sans se retourner, elle apostropha sèchement la petite fille :

- Tsunade, nous n’avons plus de viande pour le dîner. Comme ton grand-père et ton grand-oncle sont en mission de reconnaissance, tu dois aller chasser. Emmène Nawaki avec toi, je n’ai pas le temps de m’en occuper, ainsi qu’un autre enfant, ce sera plus sûr.

Tsunade acquiesça d’un hochement de tête. La vie était rude dans cette forêt et la chasse était un élément primordial de la survie du clan. Aller chasser à cette heure signifiait passer la nuit dans la forêt, souvent loin du campement, et le danger rôdait partout, même pour les hommes. Les parents de la petite fille avaient d’ailleurs disparu lors d’une nuit de traque, et on n’avait jamais retrouvé leurs corps. Ces accidents étaient fréquents, il fallait avoir la peau dure si on voulait résister à la vie dans la forêt des Senju.
On évitait d’envoyer les enfants à la chasse mais là, tous les hommes étaient occupés, le village était en crise en l’absence de son chef et on ne pouvait se passer de viande.

Malgré les risques, la jeune Senju adorait chasser. Elle aimait vagabonder dans la partie la plus sauvage de la forêt et guetter, puis courser les biches ou les sangliers. Tant qu’elle ne tombait pas sur un loup, tout irait bien.
Elle attrapa donc une sorte de porte-bébé en cuir, puis plaça Nawaki dedans en l’attachant solidement. Elle glissa les lanières du sac sur ses épaules, plongea la main dans un tiroir avant d’en ressortir un long couteau de chasse. Elle chipa quelques pommes de terre au passage et s’enfuit rapidement de la maison, afin d’éviter la colère de sa grand-mère.
Ne restait plus qu’à trouver son troisième compagnon de route. Son arme et ses provisions glissées sous sa tunique, Nawaki dans le dos, la petite fille se balança de corde en corde, avant de s’arrêter non pas devant une maison, mais sur une branche. Un garçon un peu plus âgé qu’elle y était installé, balançant ses jambes dans le vide en chantonnant.

- Salut Chomei, claironna Tsunade, je pars à la chasse, ça t’intéresse ?

Le dénommé Chomei, un enfant taciturne d’ordinaire, se réveilla brusquement. Il tourna un visage malicieux vers son amie :

- Une chasse, tu dis ?
- Ouais. Rien que tous les deux…

Tsunade prit un air enjôleur.

- Plus Nawaki, ajouta-t-elle très vite.
- Ca marche ! fit Chomei joyeusement.

Il empoigna sa hachette plantée dans la branche à côté de lui et se mit à glisser à toute vitesse sur une corde. La blonde le suivit.
En moins d’une heure, les deux enfants et le bambin quittèrent la partie habitée de la forêt pour s’enfoncer dans le coin sombre et… dangereux.

Tsunade grognait. Elle avait commencé un joli bouquet de fleurs pour le ramener à sa grand-mère, mais les fleurs s’étaient raréfiées au fur et à mesure qu’ils s’enfonçaient dans le bois.
Nawaki quant à lui, piquait un somme dans son porte-bébé, et Chomei, en tête du groupe, suivait les traces d’un sanglier. Elles étaient encore fraîches, la bête ne serait pas difficile à dénicher. Avec un peu de chance, si l’animal était assez gros, ils pourraient revenir victorieux au village sans avoir à passer la nuit dehors.
Chez les Senju, on avait une règle d’or, lors de la chasse et de la cueillette : ne jamais revenir bredouille.
Une partie de chasse pouvait donc prendre des jours. Ou alors on pouvait ne pas en revenir du tout.

Soudain Chomei poussa un sifflement aigu, signe qu’il fallait faire silence. Tsunade cessa de bougonner, et scruta un buisson épineux, aux aguets.
Les traces s’arrêtaient juste devant. Discret comme une ombre, Chomei s’approcha, et écarta lentement les feuilles.
Cachés derrière ce buisson, quatre marcassins dormaient, serrés les uns contre les autres.

Si les bébés se trouvaient là, leur mère n’était pas loin…

A peine cette pensée avait-elle traversé l’esprit des deux enfants qu’un grognement furieux s’éleva derrière eux. Ils s’écartèrent juste à temps, alors qu’un sanglier fonçait droit sur eux. De toute évidence, la mère voulait protéger ses petits…

- Elle va être plus difficile à battre, remarqua Tsunade. Une mère qui défend sa progéniture peut être très agressive !

L’air décidé, Chomei brandit sa hachette, tandis que Tsunade sortait son couteau, tentant d’ignorer les geignements apeurés de Nawaki, que le cri de la laie avait réveillé. L’animal se tourna vers la fillette et la prit pour cible. Elle chargea dans sa direction, et Tsunade ne put que s’accrocher au tronc d’un arbre et grimper rapidement. La laie n’abandonna pas cependant, et entreprit de déraciner l’arbre à l’aide de ses cornes. L’arbre penchait dangereusement, et Tsunade avait très peur que Nawaki ne glisse de son porte-bébé. Le petit poussait à présent des hurlements terrifiés.
Chomei s’arma de tout son courage et fonça sur la bête avec un cri de guerre, levant sa petite hache. Il eut le temps de donner un coup sur le dos de la laie. Sous la douleur, l’animal laissa échapper un grouinement de rage, et du sang tâcha sa fourrure sombre. Profitant que son attention était tournée vers son compagnon, Tsunade enfonça prestement son couteau dans le cou du sanglier.
Nouveau grognement de douleur.
Ruisselante de sang, la laie tituba vers Chomei, qui tremblait de tout son corps. Elle était presque à sa hauteur…

Lorsqu’elle s’effondra, et, après un ou deux soubresauts, ne bougea plus.
Il fallut tout de même quelques minutes avant qu’un des deux enfants n’ose bouger.
Chomei réagit le premier :

- Tu peux descendre, Tsunade. Elle est morte.

La petite fille obéit et, une fois à terre, prit Nawaki, en larmes, dans ses bras. Elle le berça doucement :

- Là, là… c’est fini mon bébé, c’est fini… Tout va bien. Je suis là.

Peu à peu, le bébé se calma, et regarda de ses grands yeux brillants le cadavre du sanglier, que Chomei avait commencé à dépecer. Tsunade, un peu dégoûtée, entreprit de monter le campement. La nuit était là et il était dangereux de vouloir rentrer au village dans le noir, au risque de se perdre.

Elle replaça donc Nawaki dans son dos, cassa et ramassa quelques branches d’arbre et sortit deux morceaux de silex de sa manche. Elle commença à les frotter énergiquement l’un contre l’autre, et des étincelles apparurent bientôt. Cette méthode était rustique, mais efficace.
Cinq minutes plus tard, un feu de taille acceptable crépitait, répandant une chaleur rassurante sur les trois compagnons.

Chomei finit sa tâche peu reluisante un peu plus tard. La laie était entièrement dépecée, et le petit garçon tendit la peau de bête à son amie. Elle l’accepta et dit :

- J’ai quelques pommes de terre et j’ai trouvé des fraises sauvages sur notre chemin. Mangeons-les.
- Ensuite je prendrai le premier tour de garde, ajouta Chomei.

Ils festoyèrent donc autour de leur feu de camp. Après l’effort, le réconfort. Tandis que Chomei racontait des blagues, Tsunade mâchouillait des morceaux de pommes de terre avant de les glisser dans la bouche de son petit frère, qui avalait la nourriture avec des gazouillements satisfaits. Une fois le repas fini, Tsunade s’enroula dans l’épaisse fourrure de sanglier, en serrant le bébé contre elle. Chomei quant à lui, se posta près du feu, sa hachette à la main, montant la garde.

Tsunade regardait les flammes dansantes, qui produisaient d’étranges ombres sur le sol… Comme hypnotisée, la fillette se laissa doucement glisser dans le sommeil, et sa respiration devint régulière, tout comme celle de Nawaki.


Elle rêvait. Il faisait sombre, et elle se trouvait au milieu de maisons à l’aspect inconnu. Toutes avaient le même symbole gravé sur leurs murs : un éventail blanc cracheur de feu…
Tout près, il y avait une petite foule. Après un moment d’observation, Tsunade reconnut son grand-oncle Tobirama. Elle s’approcha. Son grand-oncle avait la mine soucieuse, et de grosses perles de sueur coulaient de son front casqué. La petite Senju fendit la foule en bousculant les curieux, qui ne semblaient pas s’apercevoir de sa présence. Elle arriva au devant. Au centre, deux hommes se tenaient face à face, se foudroyant du regard, sur le point de s’affronter.
Tsunade reconnut en l’un deux son grand-père, Hashirama, chef des Senju. Le second guerrier avait des cheveux sombres, une peau laiteuse, et surtout… de terrifiants yeux rouges aux iris noirs. La petite fille plaqua la main sur sa bouche, horrifiée. Son grand-père s’apprêtait à combattre un homme aux sharingans… un membre du clan Uchiwa… En pleine nuit, et en plein cœur du territoire ennemi ! Hashirama parla, de sa voix grave et calme :

- Alors, Madara… Es-tu prêt à savoir qui de nous deux mérite la place d’Hokage ?
- Je suis prêt, Hashirama, répondit l’homme aux sharingans.

Tsunade voulut hurler à son grand-père de s’enfuir, elle voulut avancer vers lui… Ses jambes ne lui obéissaient plus, et il lui était impossible d’ouvrir la bouche. Elle ferma les yeux, serra les poings…

- Mokuton Hijutsu : Jukai Kotan ! s’écria Hashirama.
- Jikukan ninjutsu ! riposta Madara.

Un arbre apparut, tentant d’emprisonner entre ses branches le chef des Uchiwa, mais celui-ci disparut pour se matérialiser derrière Hashirama… Le combat qui commençait promettait d’être intense…

- Tsunade. Tsunade ! Réveille-toi !

La jeune Senju sentit qu’on lui tirait les cheveux, et un gémissement plaintif monta à ses oreilles. Elle ouvrit les yeux.
Près d’elle, Nawaki tentait désespérément de la faire bouger, une mèche de ses cheveux blonds dans ses petites mains. Juste devant, Chomei se tenait debout, dos à elle, sa hachette à la main. Sa position ressemblait fort à une garde de combat… Que se passait-il ?
Sans se retourner, Chomei lui ordonna :

- Va-t-en avec Nawaki, Tsunade. Le sanglier dépecé est à côté de toi. Prends-le, et cours au village !
- Mais…

La fillette se redressa. Et dut faire un effort surhumain pour ne pas crier.
A un mètre à peine de Chomei, deux éclats rougeoyants étincelaient dans la nuit. Une fourrure argentée luisait sous la lumière de la pleine lune.
A un mètre à peine de Chomei, un énorme loup montrait ses crocs acérés, de l’avidité dans son regard sanglant.
Le jeune garçon répéta :

- Pars, Tsunade. Tu es la princesse de notre clan, ne meurs pas. Je vais le retenir. Dépêche-toi, le loup ne va pas tarder à attaquer !

En effet, la bête grattait la terre de ses pattes dans un geste d’impatience. Ses yeux restaient fixés sur Chomei, campé sur ses jambes, prêt à défendre son amie et son petit frère.
Tsunade s’empara du sanglier, hissa Nawaki sur sa hanche et lança à son ami :

- Chomei, fais attention… Et reviens vite.
- T’inquiète. Allez, déguerpis maintenant !

Après une dernière hésitation, la petite fille obéit, et se mit à courir. En entendant les hurlements féroces du loup et les cris hardis de Chomei, Tsunade ne put s’empêcher de pleurer, tout en continuant sa course à travers la forêt obscure.

Après une nuit d’errance, de terreur et de prières, la jeune Senju reconnut son village. En sanglotant de soulagement, elle tituba, au bord de l’évanouissement.
Tout était flou… Nawaki et la viande du sanglier pesaient de plus en plus lourd… Elle avait froid… Elle avait peur… Soudain on la prit par les épaules et une voix lointaine lui parvint :

- Tsunade ! Que t’est-il arrivé ? Où est Chomei ?
- Cho… mei… articula la petite. Loup… Peur…

Fatiguée…
Et puis, plus rien.

Quand elle se réveilla, elle faillit tomber. Elle se rendit compte juste à temps qu’elle se trouvait dans un hamac. Elle sauta donc mollement par terre. Aussitôt, sa grand-mère accourut. A la grande surprise de Tsunade, la vieille femme la prit dans ses bras et lui caressa les cheveux. Au lieu de la rassurer, ce geste de tendresse inquiéta l’enfant. Elle se dégagea et demanda :

- Grand-mère… Est-ce que Chomei est rentré ? Et grand-père ? Et grand-oncle ?
- Oh, Tsunade… Je suis vraiment désolée… fit la vieille femme.

Elle la serra contre elle de nouveau, et Tsunade sentit les larmes lui monter aux yeux. C’était si rare que sa grand-mère se montre aussi douce ! Quel terrible évènement s’était donc produit ?

- Tsunade… Cela fait deux jours que tu es inconsciente. Des hommes ont été envoyés à la recherche de ton ami… Mais… Ils n’ont trouvé que sa hachette… Et du sang sur des fleurs, éparpillées par terre.

Des fleurs ? Eparpillées par terre ? Son bouquet… Tâché de sang ? Mais Chomei…

- Chomei ne peut pas être mort ! s’écria la petite fille. C’est… Impossible ! Impossible !!

Une petite main tira alors sur sa tunique… Tsunade baissa les yeux, et rencontra ceux de son petit frère, qui la fixait d’un air bouleversé. La jeune Senju le prit dans ses bras et sortit de la maison. Chomei devait sûrement l’attendre dehors, assis sur son habituelle branche…

Mais lorsque Tsunade fut à l’air libre, personne ne l’attendait sur la branche. Aucun regard endormi ne se perdit dans le sien. Aucune paire de jambes ne pendait dans le vide. Aucune chanson enfantine ne s’élevait dans les arbres. Il n’y avait personne, sur cette branche décrépie. Personne. Tsunade ressentit un vide incommensurable monter en elle. Pas seulement à cause de la disparition de son ami… Plusieurs maisons manquaient dans les arbres. En bas, le clan Senju était réuni. Tous avaient en leur possession de maigres bagages, et des mines tristes et perdues.

- La nuit où tu étais en forêt, fit sa grand-mère derrière elle, ton grand-père Hashirama a combattu Madara Uchiwa…

La fillette retint son souffle.

- Et Hashirama a gagné. Madara est parti. A présent ton grand-père est Shodaime, le premier Hokage. Nous devons donc quitter la forêt des Senju, et nous installer à Konoha.

Quitter la forêt… Quitter sa maison. Accroché à son cou, Nawaki geignit de protestation.

Quitter Chomei.

Sans un mot, Tsunade rentra une dernière fois dans la maison de bois, et s’empara de son couteau de chasse. Elle glissa sa précieuse arme dans sa tunique et ressortit… Avant de s’adresser au fin fond de la forêt.

- Chomei… Je dois partir. Pardon.

Une brise tiède lui parvint en guise de réponse. La petite fille écouta une ultime fois le murmure du vent :

- Va ton chemin. Les Senju appartiendront toujours à cette forêt. Toujours.

Quarante ans plus tard, les maisons de bois ont disparu, et les arbres se sont changés en poussière.
La hachette d’un jeune garçon, pourtant, demeure encore.
Plantée dans l’habituelle branche, de cet arbre qui survit les siècles et les tempêtes.


************************************************************

- Je ne suis jamais retournée dans cette ancienne forêt, confia Tsunade à son élève, jusqu’à aujourd’hui.

Sakura, assise dans l’herbe, cueillait des fleurs en écoutant son maître. Le récit de Godaime terminé, la rose écouta le chant du vent :

- La forêt de mourra jamais… Et l’esprit des Senju non plus, car je serai toujours là pour le représenter…

Sakura ferma les yeux et sourit, émue.
« Chomei… »

Elle tendit son bouquet de boutons d’or à Tsunade.

- Pour vous, maître.

L’Hokage le prit, les yeux brillants, et murmura :

- Tu aurais fait une excellente Senju, Sakura.

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Je précise que Chomei est un personnage de mon invention.

Et merci d'avoir lu, et merci d'avance des commentaires que vous laisserez ! :)

21 juillet 2010

Prochain OS

Prochaine fanfic :

Titre : Ne reviens pas les mains vides

Sources d'inspi : Robin des Bois :)

Résumé : Tsunade raconte les arbres, la forêt, sa maison, ses amis, sa famille... son enfance. Sakura aura le privilège d'apprendre comment vivait Godaime avant Konoha... Avant Shodaime. Lorsque la légendaire limace n'était encore qu'une petite fille comme les autres.

Genre : One-shot/Drame/Amitié

20 juillet 2010

Ojos Asi

Voici à présent la seconde fiction, qui date elle aussi d'il y a environ un an. Je préfère commencer par les plus anciennes pour rendre compte de l'évolution de mon style... en admettant qu'il y en ait eu une ^^'

Une fiction qui prend son titre de la chanson que j'ai intégrée dedans : Ojos Asi de Shakira. Les paroles s'accordent exceptionnellement bien avec l'histoire, j'en suis plutôt contente.

Petit avertissement : l'histoire se déroulant au début du XX°siècle, la façon de parler des personnages est légèrement modifiée. Vous vous en rendrez compte par vous mêmes ; j'ai voulu faire plus "authentique" à vous de me dire si j'ai réussi :)

Bonne lecture !

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- Dieu qu’il fait chaud ! s’exclama un homme brun, chevauchant élégamment un cheval à la robe ébène. Ce n’est pas un désert que nous traversons, mais une illusion destinée à nous torturer. Il doit bien faire 50°C. Qu’en pensez-vous, Uzumaki ?

Un jeune homme blond répondit d’un grand rire :

- Je ne crains nullement la chaleur, monsieur, fut-elle celle de l’enfer.
- Sa dernière conquête l’a tant enivré de passion qu’il est désormais imperméable à toute forme de sécheresse, intervint un homme corpulent. D’où venait-elle, déjà ? D’Espagne ?
- Assez, Choji, tu vas faire rougir notre compagnon, se moqua l’homme brun.
- Que nenni, monsieur Nara, s’écria le blond. Pour répondre à votre question, monsieur Akimichi, elle venait bien d’Espagne. D’Andalousie, plus précisément.
- La région la plus chaude de la péninsule Ibérique, équivalent presque en température les pays nord-Africains, apprécia le célèbre géologue Akimichi.
- Etait-elle belle ? Demanda le brun, plus intéressé par les courbes d’une femme que celles des dunes sur lesquelles les trois hommes chevauchaient.
- A en mourir, monsieur Nara. Ses cheveux étaient encore plus noirs que les vôtres, et tombaient en boucles jusqu’à sa taille de guêpe. Je n’ai jamais pu distinguer la couleur de ses yeux : bleus foncés ou violets ? La vérité est qu’ils m’envoûtaient trop pour que je songe à les analyser de plus près.
- Vous avez rencontré là un ange, Uzumaki, s’exclama Nara. Où avez-vous eu la chance d’apercevoir une telle beauté ?
- Au bal où je me rendais chaque soir, lors de mon voyage à Lyon, déclara simplement le blond. Je n’étais que de passage dans la ville, mais je ne regrette pas mon périple. Nous avons dansé, elle a passé chaque nuit à mes côtés dans ma chambre d’hôtel, puis je suis reparti pour Paris.
- Vous avez laissé s’échapper une prise pareille ?! S’indigna l’ambassadeur brun. Vous êtes bien sot. A votre place, je l’aurais emmenée de gré ou de force avec moi.
- Elle ne m’aurait jamais suivi de plein gré, et je n’ai pas été assez fou pour ligoter cette femme cobra.
- Voilà que les femmes se changent en bêtes sauvages à présent. Le monde devient fou !

Les cavaliers n’eurent pas le temps de deviser plus. Un campement apparut à leurs yeux, et un chameau marcha en leur direction. Un homme vêtu des pieds à la tête d’un étrange habit indigo conduisait l’animal. On ne pouvait voir que ses yeux, d’un bleu-vert peu commun.

Arrivé à leur hauteur, l’homme les salua d’une voix grave :

- Je vous souhaite la bienvenue, au nom de tous les Touaregs de ma tribu, chers visiteurs. Je suis Gaara.
- Je m’appelle Shikamaru Nara, se présenta à son tour le brun, ambassadeur français. Voici Choji Akimichi, expert en géologie, et Naruto Uzumaki, le plus grand marchand de thé de notre pays.
- Enchanté, fit courtoisement Naruto.

Choji salua le Touareg d’un signe de tête. L’homme dégageait un charisme et un calme étonnants. Un sabre étincelant pendait à sa taille. Ce chef de tribu avait parlé français sans une once d’accent. Les « hommes bleus » comme on les appelait en France, se révélaient plus cultivés qu’on ne le laissait entendre.

- Vous devez être assoiffés, dit Gaara. Suivez-moi jusqu’à ma tente, nous y serons plus à l’aise pour parler et vous pourrez vous reposer.

Shikamaru eut un grognement satisfait. Lui et ses deux compères suivirent le guerrier.

Le campement était bien plus vaste qu’on aurait pu le croire en l’observant de loin. Des tentes magnifiquement décorées resplendissaient sous l’ardeur du soleil. Le campement n’était pas très animé, en raison de la chaleur qui régnait en cette heure. Les trois hommes descendirent de cheval. Les animaux furent conduits à un abreuvoir, leurs maîtres dans la plus grande tente du campement, celle du chef et de sa famille.

A peine furent-ils entrés qu’on les débarrassa de leurs capes de voyage poussiéreuses. Rapidement, ils purent goûter avec soulagement à la fraîcheur de la tente, contrastant avec la chaleur insoutenable du Sahara. Des trépieds de bois les attendaient. Gaara invita les trois hommes à s’asseoir et demanda à une femme de la tente d’apporter à boire. Une autre femme s’approcha du chef de tribu et s’inclina gracieusement. Celui-ci la présenta :

- Voici ma compagne, Matsuri. Je lui enseigne le français moi-même.
- Enchantée, messieurs, fit la jeune femme avec un charmant accent.
- Le plaisir est pour nous, madame, répondit galamment l’Akimichi.

Une femme plus jeune disposa quatre tasses de thé devant Shikamaru, Choji, Naruto et leur hôte, tandis que Matsuri s’éclipsait. Shikamaru n’avait porté que peu d’attention à la jeune fille vêtue d’un long vêtement blanc. Mais lorsqu’elle se pencha pour poser sa tasse devant lui, le Nara fut immédiatement subjugué. Une couette blonde tomba de son turban et sa main fine effleura celle du voyageur quand il prit sa tasse. La belle leva ses grands yeux vers lui, et Shikamaru se désintéressa tout à fait de la conversation. Etait-ce un mirage du désert ? Comment donc pouvaient exister des yeux d’une telle couleur, plus brûlants qu’un volcan et pourtant plus verts que la forêt amazonienne ? Gaara remarqua le trouble de son convive et prit la jeune fille par le bras :

- A présent voici ma sœur, Temari. C’est un mystère qu’elle n’ait encore pas choisi d’époux malgré sa beauté. Qu’en dites-vous, monsieur Nara ? ajouta-t-il d’un air entendu.
- Je ne dis rien, mais je croyais, monsieur. Une créature aussi enchanteresse ne pouvait vivre que dans mes plus doux rêves.
- Considéreriez-vous qu’une femme ne peut captiver un homme que dans ses songes ? s’écria Temari, butant sur ses mots, mais parlant avec un accent moins prononcé que Matsuri.
- Ma sœur est une féministe accomplie, intervint Gaara en riant. Prenez garde, monsieur, sa piqûre est plus mortelle que celle d’un scorpion.
- Je n’ai pas l’impression d’avoir été piqué, fit Shikamaru sans quitter la jeune fille des yeux. J’ai plutôt la sensation d’avoir eu le cœur percé d’une flèche.

Temari rougit en souriant à demi. Choji se racla la gorge et Gaara reprit son sérieux :

- Laisse-nous maintenant, Temari. Nous devons parler affaires. N’ai crainte, tu reverras ton bellâtre au dîner.

Son ton taquin valut au chef de clan une bourrade dans les côtes de la part de sa sœur. Puis, comme la brise fugace sur les vagues de la Méditerranée, elle disparut. Shikamaru reprit son maintien de diplomate :

- Nous sommes tous trois venus de Paris, pour des causes différentes. En temps qu’envoyé de l’ambassade de France, je souhaite établir entre votre tribu et mon gouvernement une relation durable d’amitié.
- Pour ma part, poursuivit Choji, je m’intéresse aux couches internes de notre belle Terre, et il m’est donné d’étudier les sous-sols désertiques lors de ce voyage. J’ai avant tout besoin de votre approbation pour installer mon matériel.
- Et moi, dit Naruto, je viens comme vous avez dû le deviner vous acheter du thé. J’aimerais aussi étudier vos théiers afin d’écrire un traité dessus. Les amateurs de la boisson souhaiteraient, je crois, en apprendre plus sur nos fournisseurs.

Les trois ayant fait leurs requêtes, Gaara but une gorgée de thé avant de déclarer :

- Monsieur Nara, vous pourrez à votre retour en France informer vos supérieurs que les Touaregs de ma tribu seraient ravis d’entretenir une relation de fraternité avec les vôtres. En effet, il serait plaisant d’échanger plus que des sachets de thé avec votre pays.

Shikamaru acquiesça. Gaara reporta sa tasse à ses lèvres, puis s’adressa à Choji :

- Personnellement, je suis totalement ignorant sur l’agitation qui règne sous nos pieds. Mais si vos outils ne présentent pas de dangers pour ma tribu, je ne m’opposerai pas le moins du monde à vos recherches. Au contraire, si l’occasion m’en est donnée, il m’intéresserait de vous observer dans vos travaux.

Choji eut un sourire d’étonnement joyeux et finit goulûment son thé. Gaara fit de même, avec peut-être plus de raffinement, et termina par Naruto :

- L’échange du thé est devenu une routine pour les cultivateurs de ma tribu. En revanche j’accepterai avec plaisir de répondre à vos questions sur les Touaregs. Je commencerai par ceci : en temps que marchand, vous devez connaître notre dicton. Le premier thé est amer comme la vie, le second est fort comme l’amour et le dernier est doux comme la mort.

Naruto fit répéter son proverbe au chef de tribu plusieurs fois, afin de bien le retenir.

L’entretien était fini. Chacun des quatre hommes vaqua à diverses occupations en attendant l’heure du dîner. Shikamaru parla longuement avec Gaara du projet de la France d’ouvrir une exposition coloniale et du souhait du pays d’y voir participer sa tribu, bien qu’indépendante du gouvernement français.
Naruto ne perdit pas de temps et se plongea dans des discutions animées avec les paysans de la tribu, prenant des notes et plaisantant avec les Touaregs.
Choji s’en alla vers son cheval pour prendre son matériel expérimental. Il y rencontra une singulière jeune femme, en train de dorloter les animaux. Contrairement aux autres membres de la tribu, elle avait une peau extrêmement pâle et des cheveux si blonds qu’ils en paraissaient presque blancs au soleil. Ses yeux bleus se remplirent de rire lorsque Choji lui en fit timidement la remarque.

- Je m’appelle Ino, fit la Touareg dans un français encore meilleur que celui de Gaara, si cela était possible. Je ne suis pas née dans le désert. En vérité, je suis née en France, comme vous, à Nice. Lorsque j’ai eu dix ans, mon père m’a emmenée avec lui en voyage dans ce campement. Il y a aimé et épousé une femme, et c’est pourquoi j’ai grandi dans cette tribu.
- Je vois, fit Choji, qui avait subitement chassé ses recherches de son esprit, bien trop occupé à s’émerveiller sur la candide jeune femme. Votre terre natale ne vous manque-t-elle pas ?
- Parfois, si, avoua Ino. Mais j’aime trop les gens d’ici et la chaleur du soleil pour songer à m’en plaindre.

Ils parlèrent de tout et de rien jusqu’au coucher du soleil. Choji n’avait jamais rencontré de femme plus pétillante que cette Française immigrée.

Le soir arriva et la température chuta brusquement. Dans le désert du Sahara, les journées étaient brûlantes et les nuits fraîches, parfois froides.
Les Touaregs sortirent peu à peu de leurs tentes et tous participèrent au dressage d’une table et à la préparation d’un banquet en l’honneur des invités. Des chandelles furent allumées un peu partout, et on sortit les plateaux d’argent et les verres à pied pour nos amis Européens.

La cuisine était épicée, mais demeurait savoureuse et exotique. Choji et Naruto reprirent de chaque plat. Shikamaru quant à lui, préféra dévoiler ses talents de conteur :

- Je devais avoir huit ans lorsque mon père me fit découvrir l’immense forêt appartenant aux Nara. Seuls les membres de notre famille étaient autorisés à y pénétrer. Il me prit par la main un après-midi d’été, un après-midi sec et chaud, et nous marchâmes jusqu’à destination. Durant le reste de la journée, je rencontrai les cerfs de notre domaine, et étrangement, je me dis que mes yeux ressemblaient par bien des côtés aux leurs. Peut-être les Nara étaient-ils issus des biches que nous gardions ? En tous les cas, ces animaux réputés pour leur poltronnerie m’adoptèrent tout de suite en leur sein. Je les montai un à un, organisai des courses et jouai avec les faons. Mais mon enthousiasme arriva à son terme et je commençai à m’ennuyer fortement. Le soleil déclinait légèrement, ce qui procurait à la forêt toutes sortes d’ombres à l’aspect menaçant. J’eus peur au début. Puis j’inventai un nouveau jeu : j’étais le maître de ces ombres et les modelais à ma guise. Ce fut alors que, à ma grande surprise, les ombres m’obéirent vraiment, prenant la forme des arbres ou celle de ma silhouette, juste à la force de ma volonté. Etait-ce le fruit de mon imagination ? Aujourd’hui encore, je ne saurais vous répondre. Mais ainsi fût-il que, jusqu’à la tombée de la nuit, cerfs et biches furent témoins de mon amusement. Ce désert et les ombres des bougies dans l’obscurité m’ont rappelés cette histoire.

Des exclamations intéressées retentirent autour de la table. De toute évidence, Shikamaru avait su captiver l’attention de son public. Gaara hocha la tête d’un air satisfait et Matsuri applaudit avec ferveur. Mais le Nara ne voyait pas tout cela : à ses yeux, seul comptait le sourire de la belle Temari, assise en face de lui. Durant le reste du repas, les jeunes gens ne se quittèrent pas du regard, et une fois encore Shikamaru se demanda s’il ne rêvait pas. Puis la table fut débarrassée et remplacée par quelques sièges autour d’un grand feu. Les plus jeunes et jolies filles de la tribu se retirèrent pour un moment dans une tente. Les autres s’installèrent autour du feu. Matsuri répondit d’un air malicieux à la question muette des invités :

- En votre honneur, nos plus belles demoiselles vont danser pour vous.
- Sont-elles toutes célibataires ? Demanda Naruto en riant.

Matsuri ne put répondre. Des musiciens avaient commencé à jouer, et une voix envoûtante s’éleva.

Ayer conocí un cielo sin sol
Y un hombre sin suelo
Un santo en prision
Y una cancion triste sin dueño

Une femme sortit de la tente. Choji écarquilla les yeux et Naruto poussa un sifflement admiratif. Ino avait troqué sa cape et son turban contre une longue jupe de soie rose, fendue sur le côté, et une tunique de même couleur. Ses cheveux blonds étaient détachés, et virevoltaient autour d’elle tandis qu’elle s’avançait au centre de la piste en bondissant avec grâce. Lorsqu’elle fut parvenue près du feu, une autre silhouette jaillit de la tente.

Ya la he ya he ya la he
Y conoci tus ojos negros
Ya la he ya he ya la he
Y ahora si que no
Puedo vivir sin ellos yo

Naruto en glissa de sa chaise. Shikamaru eut un sourire appréciateur, et Choji ne dit rien, trop concentré sur les mouvements d’Ino. La deuxième danseuse la rejoignit et son charme apparut clairement aux yeux de tous.
Comme Ino, la femme était jeune et longiligne. La comparaison s’arrêtait là.

Alors qu’on attribuait à Ino la beauté impersonnelle même, la danseuse à ses côtés n’était pas belle. Elle avait un grand front, des cils démesurément allongés, et des cheveux étrangement roses. Non, la jeune femme n’était pas belle : elle était jolie. Ce fut la conclusion à laquelle Naruto parvint. Tandis qu’elle secouait son corps délié au rythme des tambourins, son visage s’exprimait, lui aussi. Ses yeux émeraude parcouraient l’assemblée de long en large, ses sourcils se fronçaient légèrement sous la concentration et ses lèvres s’étiraient en sourires un tantinet provocants, dévoilant ses dents blanches. Des bracelets d’or cliquetaient autour de ses poignets lorsqu’elle agitait les mains.

Gaara se pencha vers le blond :

- Elle s’appelle Sakura.
- Ce nom lui va à merveille, murmura Naruto, des étoiles plein les yeux.

La troisième et ultime danseuse se montra enfin. Shikamaru n’entendit alors plus que les battements effrénés de son cœur entiché.

Temari était toute vêtue de vert, exactement du même vert que ses yeux. Son buste était drapé d’un tissu léger qui dévoilait son ventre plat et un sarouel couvrait ses jambes fines. Une ceinture de perles marines rehaussait son déhanchement hypnotique. Ses cheveux blond foncé étaient attachés en quatre petites couettes d’où deux mèches s’échappaient et venaient effleurer son visage pur au gré de ses mouvements fluides.

Le pido al cielo solo un deseo
Que en tus ojos yo pueda vivir
He recorrido ya el mundo entero
Y una cosa te vengo a decir
Viaje de Bahrein hasta Beirut
Fui desde el norte hasta el polo sur
Y no encontré ojos asi
Como los que tienes tu

Les trois danseuses étaient réunies près du feu. Gaara frappa dans ses mains et elles s’approchèrent des invités. « C’est maintenant que le vrai spectacle commence » pensa Naruto.
Il en avait oublié qu’il était toujours assis à même le sol, devant sa chaise d’où il était tombé. La jolie Sakura virevolta jusqu’à lui et, sans cesser de sourire, l’entoura de ses bras et le releva doucement. Une fois qu’il eut réintégré sa place, il lui murmura :

- Chez moi, je n’ai jamais vu pareille fleur de cerisier se mouvoir dans une danse aussi… ensorcelante.

La jeune femme éclata d’un rire clair, puis défit le foulard pailleté qui retenait ses cheveux et le passa derrière le cou de Naruto. Elle l’entraîna sur la piste en disant :

- Danse avec moi !
- Mais je ne… protestait le blond, ne sachant s’il devait se dégager ou non.
- Je déteste danser devant des hommes qui restent oisifs et ne font que me dévisager, avoua la jeune femme. Comme si j’étais une jument à la foire ! N’ai pas peur. Je guiderai tes pas.

Naruto acquiesça et jeta un regard à Gaara. A travers les lueurs que projetait le feu, il crut voir le chef de tribu lui adresser un clin d’œil.

Rabboussamai fikarrajaii
Fi ainaiha aralhayati
Ati ilaika min haza lkaaouni
Arjouka labbi labbi nidai

Choji se sentit rougir, mal à l’aise. Voir celle qu’il considérait comme une amie se trémousser à quelques centimètres de lui, lui paraissait particulièrement gênant. N’y tenant plus, il se leva brusquement. Ino sursauta lorsqu’il s’approcha et dit :

- Que… Monsieur Akimichi, mon spectacle ne vous convient pas ?
- Appelez-moi Choji, je vous en prie. Vous dansez très bien, mais je ne suis guère habitué à ces pas… Allons, je vais vous apprendre une danse que j’affectionne. La seule dont je maîtrise les gestes, en fait, ajouta-t-il avec un petit sourire.
- La musique nous accompagnant n’ira sûrement pas.
- Tant pis, je tiens à vous avoir pour cavalière. Approchez-vous un peu… Donnez-moi votre main, et mettez l’autre sur mon épaule. Voilà, comme ça. Prête ?

Ino acquiesça nerveusement, tandis que Choji la prenait par la taille. Un pas en arrière, un pas en avant. Choji emprisonna de ses yeux rieurs la belle Touareg et ensemble ils commencèrent à tournoyer en sautillant de plus en plus rapidement. Ino s’accrocha à Choji lorsqu’ils manquèrent de peu de percuter une chaise, emportés par leur élan. Le brun éclata de rire en entraînant sa cavalière encore plus vivement. Ino ne tarda pas à mêler son rire cristallin au sien. D’abord surpris, les spectateurs se concentrèrent sur la gigue avec des moues approbatrices.

Viaje de Bahrein hasta Beirut
Fui desde el norte hasta el polo sur
Y no encontré ojos asi
Como los que tienes tu

Choji et Ino croisèrent, dans leur gigue endiablée, le couple de Naruto et Sakura qui évoluait plus lentement, comme hors du temps. Sakura qui secouait ses cheveux et bougeait ses pieds si vite qu’ils ne semblaient qu’effleurer le sable, et Naruto qui ne pouvait détacher son regard bleu de son visage délicat, et qui de temps à autre la soulevait par la taille en virevoltant. Et puis, du côté de l’assistance, Matsuri qui suppliait Gaara de danser la gigue eux aussi.

Ayer vi pasar una mujer
Debajo de su camello
Un rio de sal, un barco
Abandonado en el desierto

Shikamaru ne pouvait et, de toute façon, ne voulait voir tout cela. Il était parfaitement comblé par la vue qu’il avait.
Temari était la seule des trois femmes qui dansait toujours face à son spectateur, comme il en avait été convenu. Relevant fièrement la tête, elle aguichait la passion de son invité en se rapprochant de plus en plus près, puis en reculant subitement lorsque le beau ténébreux approchait ses mains ou son visage un peu trop près. Elle était comme la brise, comme une goutte d’eau tiède : lorsqu’on croyait la tenir, elle fuyait se mettre hors de portée. Ce manège durait depuis plusieurs minutes. Le Nara restait quasiment impassible. Seul un petit sourire venait parfois troubler son visage. Pourtant au fond de lui, il commençait à s’impatienter. Jamais une femme ne lui avait résisté de la sorte. Jamais une femme ne l’avait autant attiré, également.

Shikamaru estima donc que le moment était venu de prendre les choses en main. Comme si de rien n’était, il avança son pied tandis que Temari s’approchait de nouveau en tournoyant. Même en l’ayant remarqué, la jeune fille n’aurait pu l’éviter. Elle trébucha donc assez peu élégamment sur la chaussure de l’Européen et n’eut d’autre choix que de s’agripper à lui. Le brun en profita donc pour poser ses lèvres sur les siennes. Le baiser volé ne dura qu’une seconde ou deux, avant que Temari ne se dérobe vivement. Elle le domina de toute sa hauteur, légèrement de profil, le menton relevé et les yeux brillants d’une lueur féroce. Elle se rapprocha de lui et, contre toute attente, l’embrassa une nouvelle fois. Shikamaru respira à plein poumon son parfum de fleur. Il ne rouvrit les yeux que lorsqu’elle s’écarta légèrement, à bout de souffle et le sourire aux lèvres. Il l’admira un instant, puis il y eut un « pump ! » et soudainement, il eut très mal au crâne. Le Nara s’effondra, inconscient, n’entendant déjà plus les cris d’épouvante autour de lui.

Il ne vit pas non plus la moue satisfaite qu’arbora Temari lorsqu’il se retrouva le nez dans le sable.

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Non, il ne sentit qu’un rude et nouveau choc sur son occiput, après ce qui lui sembla être une seconde d’obscurité.

- Aïe… Gémit le Nara.
- Je vous ai connu plus alerte, lança une voix moqueuse.

Les yeux de l’ambassadeur s’ouvrirent difficilement. Pour se refermer aussitôt. La lumière dans la tente était aveuglante, et le malheureux Shikamaru avait encore très mal à la tête. La voix railleuse s’éleva encore :

- Je savais que les coups de ma sœur étaient précis et dangereux, mais pas à ce point là. Allons, vous avez passé toute la nuit à dormir. Ouvrez les yeux !

Presque malgré lui, le Nara obéit. Il reconnut la tente de Gaara et s’aperçut qu’il était installé sur une luxueuse couchette, blotti sous une montagne de draps en soie. Le chef de tribu se tenait à son chevet, avec l’air de celui qui se retient d’éclater de rire. Il continua :

- Il semblerait que Temari ne vous ai pas donné son accord pour l’embrasser. Elle a donc très mal pris votre tentative de séduction, dirons-nous. Pire, elle a disparu depuis et elle reste introuvable.

Shikamaru se redressa derechef.

- Introuvable ?! Aurait-elle fugué ?
- J’en ai bien peur, fit tranquillement Gaara.

L’ambassadeur bondit sur ses pieds et se mit en quête de ses vêtements. Tandis qu’il se changeait derrière le paravent, il demanda :

- Où sont Choji et Naruto ?
- Monsieur Akimichi installe actuellement son matériel géologique en compagnie d’Ino. Quant à monsieur Uzumaki, il m’a demandé ce matin même la permission de demeurer plus longtemps dans la tribu. Il était vivement appuyé par Sakura… Je n’ai pu lui refuser cette faveur. Sa fougue et sa bonne humeur feront de lui un Touareg heureux.

Shikamaru attacha rapidement ses cheveux et sortit de la tente, à la recherche de son cheval. Avant de l’enfourcher, il se tourna vers Gaara :

- Votre hospitalité me touche au plus haut point. Une fois que j’aurais retrouvé Temari, je repartirai cependant immédiatement pour la France. Je vous fais donc part de ma reconnaissance, et de mes adieux.

Gaara l’arrêta d’un geste. Il répondit au regard interrogateur de son hôte :

- Je crains que vous ne deviez retourner une dernière fois dans mon campement après le sauvetage de Temari. J’aimerais dire au revoir à ma sœur avant qu’elle ne quitte sa tribu.

L’expression de Shikamaru se fit encore plus ahurie. Gaara plissa les yeux et murmura :

- Vous ne croyiez tout de même pas que vous n’aviez eu point d’effet sur elle ? Je vous en conjure, occupez-vous en bien. Elle n’aimera pleinement la France que si l’homme qu’elle adore est à ses côtés.
- Je m’y engage, monsieur, promit le Nara après un moment de silence. Mon dévouement pour elle sera sans limite.

C’est sur cette déclaration que l’ambassadeur lança son cheval au galop. Etrangement, il savait où chercher. Dans le vide, le nulle part. Il se laissa guider tel un aimant vers le fer, et bientôt l’ombre d’un chameau apparut loin devant lui. Shikamaru sourit. Il avait toujours su contrôler les ombres…

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Et voilà ! A présent je vous laisse la parole, en espérant que vous laisserez quelques commentaires :)

Merci d'avoir lu !

17 juillet 2010

She Could Be You

Voici donc comme promis la première fanfiction (ci-dessus le titre, le genre et le résumé). One-shot (un seul chapitre) et Song-fic, puisque j'ai intégré les paroles de la (superbe) chanson qui a aussi donné le titre au OS, She Could Be You de Shawn Hlookoff (KyleXY).

Fiction écrite il y a à peu près un an, à laquelle je suis très attachée. J'estime que c'est une de celles que j'ai le plus réussi :)

Assez de blabla, bonne lecture et n'oubliez pas de laisser vos impressions !

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C’était notre devoir. Qu’importe ce que nous en pensions, nous nous devions de défendre les intérêts de notre pays.

Cette certitude était inébranlable, pour les gars de l’armée. Mais bon, j’avoue avoir été surpris quand j’ai été appelé. On aurait peut être du s’y préparer. Pourtant quand j’ai lu mon nom sur cette convocation j’ai eu l’impression que ça me tombait dessus, comme ça, brusquement, sans préavis ni rien.

J’avais vingt-cinq ans. On était le 3 janvier 1968. J’étais dans notre petite cuisine aux murs vert, ma couleur préférée, que j’avais peinte et meublée de mes mains. La décoration, et bien sûr les petits plats, c’était ma femme qui, depuis bientôt deux ans, s’en occupait. A cet instant, elle se tenait face à moi, moulée dans sa jolie robe rose, de la même couleur que ses cheveux. Ses yeux verts que j’avais tout de suite aimés tentaient de lire mes pensées, fixés sur mon visage. Parfois ils se posaient sur la lettre que je tenais en main.

J’étais Lee Rock, citoyen américain. Originaire de Sacramento en Californie, résidant à présent à Seattle, la plus grande ville de l’état de Washington. J’avais rencontré ma femme lors d’un voyage en Alaska. Moi je venais pour tester mes capacités d’endurance au froid, elle pour étudier la faune et la flore de cette région glacée. Nous nous étions mariés à Houston au Texas, nous avions passé notre lune de miel à Chicago, la ville des Bulls. Nous passions nos journées à jouer au basket et à se lancer des défis ridicules.

Le garçonnet enthousiaste était devenu l’époux, le soldat, l’homme que j’étais aujourd’hui. J’étais allé aux quatre coins des Etats-Unis. J’aimais mon pays, j’aimais ma femme et mes amis. Je les aimais à en mourir.

A en mourir.

A bout de patience, ma femme s’est approchée et m’a vivement pris le papier des mains. Elle l’a parcouru du regard, et au fur et à mesure que ses yeux lisaient les mots, des larmes venaient perler à ses cils. Ses lèvres tremblaient. Elle s’est mise à secouer la tête de droite à gauche en signe de dénégation. Elle relisait la lettre, la relisait encore, se concentrait sur les caractères tapés à la machine, comme si elle avait mal lu, comme si elle avait laissé passer un détail important, qui annulerait tout le reste. Me rendant compte de son émoi, j’ai posé une main sur son épaule.

- Sakura…

Après s’être humectée les lèvres, elle a levé la tête vers moi :

- Lee… C’est une convocation… Tu vas partir… à la guerre ? Là-bas, au Viêtnam ?
- Tu sais la situation dans ce pays. C’est mon devoir, en tant que soldat. Tu verras, quand je reviendrai, tu ne me reconnaîtras pas ! Je serai une montagne de muscle, un…

D’habitude, mon sourire éclatant et ma fougue la faisaient toujours sourire. Mais pas cette fois. Cette fois, avant même que je n’ai fini ma phrase, elle s’est jetée dans mes bras en sanglotant.

- Tais toi ! Je ne veux pas que tu deviennes un tueur, ou pire, que tu te fasses tuer ! On raconte des choses tellement horribles sur ce qu’il se passe là-bas… Les soldats sont cruels, tu pourrais être fait prisonnier, revenir défiguré ou infirme ! C’est si loin… Je ne veux pas te perdre !!

Elle a sangloté encore plus fort. Doucement, je caressais ses cheveux soyeux, respirant son parfum à la cerise, son préféré. J’ai regardé autour de moi. Des guirlandes et des boules de papier crépon étaient encore accrochées çà et là, on avait fêté la nouvelle année il n’y avait pas si longtemps. Il n’y avait pas deux jours, nous étions si insouciants, encore de grands enfants dans nos corps d’adultes…

Je devais partir le lendemain.

Le lendemain.

J’ai bouclé mon sac. Il contenait le strict nécessaire. J’emmenais une photo de ma Sakura, aussi, le jour de notre mariage. J’emmenais quelques pièces. Quelques larmes que ma femme avait laissées sur mes joues.
Je laissais mon cœur à la maison. Un cœur à la guerre, c’est mauvais pour la survie.

Et puis il ne pouvait pas être ailleurs. Dans cette vie comme dans les autres, il ne battrait que près d’elle.

Mon meilleur ami, et accessoirement mon voisin de palier, partait en même temps que moi. Il devait m’attendre en bas de l’immeuble. Chez Neji, la ponctualité était presque une obsession. Et puis ce n’était pas le genre à s’éterniser dans les adieux. Il avait dû embrasser rapidement Tenten, sa fiancée et notre amie d’enfance commune, lui dire de prendre soin d’elle, de ne pas oublier de nettoyer ses armes chaque jour, pour ne pas qu’elles prennent la poussière. D’être patiente. Qu’il l’aimait.

Non, ce dernier point n’avait pas été dit tout haut, connaissant Neji. Ses yeux, comme souvent, avait dû parler pour lui.
Et Tenten avait dû adopter son air dur, seul moyen de retenir ses larmes. Elle avait sûrement hoché la tête, fermé les yeux et frémi lors de son dernier baiser.

J’étais tellement différent de mon meilleur ami. Sakura était si différente de Tenten, elle aussi.

Notre couple même était à l’opposé de celui de Tenten et Neji. Alors que leur amour était surtout implicite, qu’ils ne s’éternisaient pas en gestes et en belles paroles, qu’ils vivaient de leur entraînement et de conversations longues et profondes, de disputes fréquentes mais de tendres réconciliations, Sakura et moi existions chacun dans les bras de l’autre, nous déclarions notre attachement tous les jours, éclations de rire pour un rien, nous disputions rarement mais, quand c’était le cas, ça faisait des étincelles, et j’avais envie de mourir. Et puis, un beau matin, c’était fini, la tempête avait laissé place au calme, et la vie reprenait.

Qu’importaient nos différences, qu’importait si un couple était plus démonstratif que l’autre, nous nous aimions et ils s’aimaient de la même force. Vivre loin de l’autre était une torture. Vivre sans l’autre c’était mourir. L’oublier, c’était impossible, n’aurait-ce été qu’une minute.

Mon sac était solidement attaché à mes épaules. Sakura s’accrochait à moi. Elle ne retenait pas ses pleurs, moi non plus. Elle effleurait mon visage des ses doigts fin, comme pour apprendre mes traits par cœur. Moi je lui murmurais à l’oreille :

- Je ne t’oublierai jamais… Je t’aime, ma fleur de cerisier. N’ai pas peur, je serai toujours avec toi. Toujours… Je t’aime… Tu te souviendras de nos promenades ? Et de la première jonquille que tu as apporté à mon chevet, à l’hôpital, quand j’avais fait une mauvaise chute… Tu te souviendras ? Je t’aime. Tu es toute ma vie… Ma fleur de cerisier…

Le clocher de l’église a sonné six heures. Je devais vraiment partir. J’ai délicatement repoussé ses mains blanches de mon visage. Elle les a reposées, m’a embrassé. Et puis, d’elle-même, elle a fait un pas en arrière. Elle m’a souri, de son plus beau sourire. Un sourire doux, aimant, confiant.

Du revers de ma manche, j’ai essuyé les larmes qui trempaient mes joues. Je l’ai regardée une dernière fois. J’ai ouvert la porte. Me suis tourné. J’ai entendu un chuchotement, dans mon dos.

- Je t’aime aussi, Lee.

Une ultime larme a roulé sur ma joue. J’ai fermé la porte.

En m’avançant dans l’allée, j’ai vu Tenten, recroquevillée sur le paillasson de la porte de son appartement. Sanglotant de toutes ses forces. Au passage, je me suis baissé et lui ai brièvement caressé les cheveux. Puis je me suis relevé et ai descendu les escaliers.

Neji, comme prévu, m’attendait dehors. Il a ouvert la bouche, comme pour me réprimander mon retard. Mais, avisant les traces de larmes sur mes joues, il s’est tut et nous avons commencé à marcher.

Notre trajet s’est fait en silence. Nous avons échangé quelques banalités dans l’avion. Nous sommes arrivés dans notre base au Viêtnam vingt-quatre heures plus tard.
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Ca fait quatre mois que Neji et moi sommes partis à la boucherie. Quatre mois, jour pour jour.

J’ai reçu trois lettres de Sakura, Neji deux de Tenten. En recevant la première, il a râlé qu’il lui avait pourtant dit de ne pas lui envoyer de courrier, que ça ne servait à rien. Pourtant j’ai bien vu un mince sourire éclairer son visage durant sa lecture.

A présent, nous n’avons plus le temps de lire de lettres. Si au début, les environs de notre base étaient plutôt calmes et les assauts rares, ça a bien changé depuis début février.

L’offensive du Têt nous a pris par surprise. Les soldats du Viet Cong ont attaqué plus de cent villes dans la nuit du 30 janvier. Notre base, située dans la grande ville de Saigon, n’a pas échappé à la terrible attaque. De nombreux militaires américains ont été massacrés, c’était horrible. Neji a été sévèrement blessé à la jambe gauche, il ne peut plus que boitiller. Du temps où je pensais encore revenir au pays, je me disais que Sakura ne reconnaîtrait plus en l’homme plongé dans l’horreur que j’étais son époux hyperactif. Je ne sais plus qu’observer, en silence la plupart du temps. J’ai l’impression d’être devenu insensible, aussi bien à la douleur qu’aux sentiments.

Nous n’avons plus de base. Les renforts n’arrivent pas. Les soldats du Viet Cong, eux, ne tarderont pas à charger de nouveau. Depuis ce début de mois, les batailles meurtrières et les bains de sang sont devenus une routine quasi-quotidienne.

Les quelques dizaines de soldats qu’il reste sont postés près des ruines de notre ancienne base. Neji s’est endormi à côté de moi. Il ne se plaint jamais, mais j’ai appris à savoir quand une blessure est grave. Sa jambe n’est vraiment pas belle, je crois que la plaie s’est infectée. Et nous n’avons plus ni médecin ni médicaments.

Moi, ça va. Mais j’ai perdu toutes mes affaires durant cette nuit de panique. Y compris la photo de Sakura. Le seul objet qui me rattachait à elle. A ses cheveux roses, à ses beaux yeux gemme. A cette femme à qui mon cœur et mon âme appartiennent.

J’ai lié connaissance avec un gars de Sacramento, ma ville d’origine. Il paraît gros et lent comme ça, mais il est intelligent et redoutable au combat. Mieux, il est sûrement le soldat le plus humain de tout l’escadron. C’est grâce à lui que je ne me suis pas transformé en monstre. Il s’appelle Choji.

Là, il contemple je ne sais quelle photo. Sur le papier glacé, une jeune femme blonde sourit de toutes ses dents. Elle est vêtue d’une robe pailletée bleu foncé qui rehausse ses yeux turquoise.

- C’est Ino, ma femme, fait Choji en me voyant. Et là, c’est Choze, notre fils qui a trois ans, ajoute-t-il en sortant une photo d’un petit garçon brun.

Je pose un doigt sur la photo de la femme. Comme elle me rappelle toi…

I'm haunted by this photograph
And Don't know why
Every time I look, I get shivers down my spine

Elle ne te ressemble pas physiquement, pourtant. Toutefois…

You're such a beautiful face
I know those eyes
They take me back in time

Peut être parce que quelque chose vous lie, toutes les deux. L’absence d’un mari à vos côtés, votre espoir de son retour.

She could be you
I wouldn't even know
She could be you
But that was long ago
She could be you

- C’était dans le bar où on s’est rencontré, raconte Choji. Elle était chanteuse et j’étais serveur. Après je me suis enrôlé dans l’armée, elle n’était pas d’accord au début, elle avait peur. Au début, je la croyais superficielle et insouciante. Une femme enfant, en somme. Mais en fait pas du tout. Elle s’inquiète de tout, ma Ino.

I wish that I could tell you
What she don't know
I dream about that day
But it's impossible
In another world,
I'll be yours tonight
But I can't break free from this life

J’ai sympathisé avec un autre type, aussi. Il est un peu bizarre, pas très bavard. Avant l’attaque, on le surnommait « le beau gosse ». Sûr qu’avec sa gueule d’ange des ténèbres, il devait faire craquer pas mal de filles, là où il habitait. Il s’appelle Sasuke, il vient de Louisiane.

Je ne vous dis pas mon étonnement lorsqu’il m’a dit qu’il était gay.

- Eh ouais, a-t-il souri devant ma tête d’ahuri. C’est pas facile à vivre, par contre. En général les gens sont étroits d’esprit, pour eux ce genre de penchant est une erreur, une anomalie. Surtout quand ça concerne deux gars de l’armée… Alors les moqueries, les insultes et les coups, j’ai l’habitude. Heureusement à Naruto, ça lui fait pas peur, ce genre de trucs. Il m’a toujours défendu. Qu’on vienne pas me dire que les gays sont des mauviettes, hein. Je ne connais pas d’homme plus courageux que Naruto.
- Si vous êtes deux soldats, pourquoi on ne l’a jamais vu à la base ?
- Parce qu’il a été envoyé à l’autre bout du Vietnam. Comme par hasard. Je suis sûr que ça a été calculé…

She could be you
I wouldn't even know
She could be you
But that was long ago
She could be you

Un soldat éclaireur arrive près de nous en courant comme un dératé. Il nous crie que les ennemis sont en route, avant de s’écrouler. Choji se lève d’un bond, tout tremblant. Sasuke pousse un soupir et attrape son arme. Je réveille Neji, et prends position à mon tour. Je les vois, nos adversaires, sur une colline. Ils sont beaucoup, beaucoup plus que nous. Ils sont bien équipés, pleins de rage.

- C’est la fin, dit Choji.
- J’en ai bien peur, fait un autre.

Sasuke hausse les épaules.

- Peur ? Et de quoi ? Pas de mourir. C’est la seule échappatoire qu’il nous reste… Nous devons tous y passer un jour, de toute manière.

Il a raison. Je jette un coup d’œil à Neji. Il se masse la jambe, l’air ailleurs.

- J’aurais bien aimé la revoir une dernière fois, murmure-t-il.

Je comprends qu’il parle de Tenten.

- Tu la reverras, je certifie. Nous la reverrons tous. Et nous verrons Sakura, aussi. On se voit tous un jour.

Il se lève péniblement. S’appuie sur mon épaule. Mon meilleur ami. Mon frère d’arme.

- On fonce ensemble ? Demande-t-il.
- D’accord. Et le dernier arrivé est une poule mouillée.

Les soldats Viet Cong sont là. Nous joignons le geste à la parole.

Je t’aime, Sakura. Je t’aime.

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Une foule s’étendait devant l’estrade. Le président des Etats-Unis, Lyndon Johnson, venait de faire un discours poignant sur la guerre du Vietnam et les pertes qu’elle avait causées. Elle venait de prendre fin, en cette année 1975.

C’était une foule noire. Noire de monde, et noire de couleur. Beaucoup de femmes portaient des robes sombres. Beaucoup de larmes venaient ruisseler sur leurs joues.

Parmi ces veuves se trouvait une jeune femme aux cheveux roses, contrastants avec son habit de deuil. Elle s’accrochait au bras d’une brune, vêtue de la même couleur. La brune avait un air dur, serrait les dents. La rose ne retenait pas ses larmes.

She could be you
I wouldn't even know
She could be you
But that was long ago
She could be you

- Je t’aime, Lee. Je t’aime.

                                                                                    END

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Commentaires, siouplaît ! :)

Merci d'avoir lu !

Prochaine fiction, sur une note plus joyeuse :

Titre : Ojos Asi

Résumé : Une terre quasiment inconnue du monde moderne foulée par trois Européens, dans les années 1900, réserve bien des surprises...

Genre : One-shot/Song-fic/Romance

16 juillet 2010

Nuages akatsuki !!!

Voila, avant de vous montrer le résultat de mes tenues, je vous montre à quoi ressemble mes ptits nuages akatsuki !!   

Photo0340 Pour les faire, j'ai préféré superposer 2 tissus, le blanc et le rouge, préalablement découper grâce à des pochoirs que j'ai créer moi-même.

Même si c'est plus simple, j'ai évité de faire seulement des nuages rouges et de repassé dessus avec un stylo blanc pour tissu car ayant déjà essayé je n'ai pas trouvé le résultat génial...

La seule chose gênante est le découpage, j'en ai encore mal à la main ! ^^"

Ensuite il ne reste plus qu’a collé les deux partis ! Et voila le résultat :)

Ça vous plait ?

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